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Par Yvette44 le 26 Septembre 2012 à 06:26
J'ai cueilli cette fleur pour toi sur la colline.
Dans l'âpre escarpement qui sur le flot s'incline,
Que l'aigle connaît seul et peut seul approcher,
Paisible, elle croissait aux fentes du rocher.
L'ombre baignait les flancs du morne promontoire ;
Je voyais, comme on dresse au lieu d'une victoire
Un grand arc de triomphe éclatant et vermeil,
A l'endroit où s'était englouti le soleil,
La sombre nuit bâtir un porche de nuées.
Des voiles s'enfuyaient, au loin diminuées ;
Quelques toits, s'éclairant au fond d'un entonnoir,
Semblaient craindre de luire et de se laisser voir.
J'ai cueilli cette fleur pour toi, ma bien-aimée.
Elle est pâle, et n'a pas de corolle embaumée.
Sa racine n'a pris sur la crête des monts
Que l'amère senteur des glauques goémons ;
Moi, j'ai dit : Pauvre fleur, du haut de cette cime,
Tu devais t'en aller dans cet immense abîme
Où l'algue et le nuage et les voiles s'en vont.
Va mourir sur un cœur, abîme plus profond.
Fane-toi sur ce sein en qui palpite un monde.
Le ciel, qui te créa pour t'effeuiller dans l'onde,
Te fit pour l'océan, je te donne à l'amour. -
Le vent mêlait les flots ; il ne restait du jour
Qu'une vague lueur, lentement effacée.
Oh ! comme j'étais triste au fond de ma pensée
Tandis que je songeais, et que le gouffre noir
M'entrait dans l'âme avec tous les frissons du soir !Île de Serk, août 1855 Victor Hugo
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Par Yvette44 le 14 Septembre 2012 à 06:26
de Marcelle Gambus
J'aime les mots
J'aime les mots de douceur et de rêve,
les mots en fleurs timides,
en mousse de velours,
en sucreries fondantes,
en chocolats glacés.
J'aime les mots
apportés par les vents,
ceux qui n'ont peur de rien,
les mots qui fanfaronnent,
ceux qui prennent au piège,
tous les mots sans frontière
qui unissent les gens.
J'aime les mots
claquants, assourdissants
qu'on ne veut pas comprendre
et que l'on comprend trop,
les mots qui me réveillentt,
qui dessillent mes yeux
qui entr'ouvrent soudain
ce qui m'avait semblé
l'intime bastion.
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Par Yvette44 le 2 Septembre 2012 à 06:50
Campagne arthonnaise
Auprès de mon arbre,
je vivais heureux
j'aurais jamais dû m'éloigner d'mon arbre.
Auprès de mon arbre,
je vivais heureux
j'aurais jamais dû le quitter des yeux.Georges Brassens
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Par Yvette44 le 31 Août 2012 à 06:37
La vaue de Gustave Courbet
QUAND LA MER SE DECHAINE
Que la mer est belle avec ses blancs moutons !
Mais soudain, elle se change en mégère impromptue :
Fantastique et sublime, semblable à mille démons
Qui fondent sur les maisons et font trembler les nues !
Dans un ciel assombrit, déchiré par l'éclair,
Le vent et le tonnerre font plier les grands arbres,
Ballottant les oiseaux qui cherchent un repaire.
Neptune et Jupiter, ont réuni leurs armes !
L'homme seul, au milieu des éléments déchaînés
Doit lutter pour sa vie et sauver son bateau,
Face aux furies infernales si déterminées,
Qui veulent à tout prix : l'emmener au fond des eaux...
Pauvres marins luttant contre : vague et orages,
Il vous reste " un ami - un guide sur la terre "
Debout sur les rochers, tout au bord du rivage,Un ange solitaire scintille dans les ténèbres.
Seul, Stoïque, le gardien de phare - coupé du monde,
Assume et reste là... pour que les autres vivent !
Harcelé de milliers de lames qui l'inondent,
L'encerclent, l'agrippent et meurent en vaines offensives !
Là où finit la terre, la mer a son royaume !
Belliqueuse : elle monte jusqu'au toit des maisons
Elle envahit les quais, et roule sur les chaumes,
Bousculant sur la digue les curieux de saison.
Le port avec ses rues sont recouvert d'écume,
Comme en pleine montagne, on marche dans la neige !La mer est mécontente et montre sa rancune,
Mais les vieux loups de mer, connaissent bien son manège !
Déesse irascible, elle veut des sacrifices...
En sortant de son lit, comme une amante cruelle,
Elle emporte avec elle les meilleurs de nos fils !Mais qui oserait dire : que la mer n'est pas belle ?...
Jean-Claude Brinette
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Par Yvette44 le 25 Août 2012 à 06:40
De tous les sens c'est l'odorat qui me frappe le plus.
Comment l'odeur, le goût, se font-ils parfum? Comment nos nerfs se font-ils nuance, interprètes subtiles, sublimes de ce qui ne se voit pas, ne s'entend pas, ne s'écrit pas avec dess mots?
L'odeur serait comme une âme, immatrérielle.
Marcel Hanoun.
Moi j'ajoute qu'il est des parfums de saisons,
des senteurs exquises rappelant notre enfance.
J'en ai plein ma mémoire!
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Par Yvette44 le 20 Août 2012 à 06:25
Ce magnifique chêne est hélas mort.
La tempête a eu raison de sa vieille carcasse.
Joachim du Bellay
(1522-1560)
SONNET
Qui a vu quelque fois un grand chêne asséché,
Qui pour son ornement quelque trophée porte,
Lever encore au ciel sa vieille tête morte,
Dont le pied fermement n'est en terre fiché,
Mais qui dessus le champ plus qu'à demi penché
Montre ses bras tout nus, et sa racine torte,
Et sans feuille ombrageux, de son poids se supporte
Sur un tronc nouailleux en cent lieux ébranché:
Et bien qu'au premier vent il doive sa ruine,
Et maint jeune à l'entour ait ferme la racine,
Du dévot populaire être seul révéré:
Qui tel chêne a pu voir, qu'il imagine encore
Comme entre les cités, qui plus florissent ore,
Ce vieil honneur poudreux est le plus honoré.
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Par Yvette44 le 13 Août 2012 à 06:37
La Nature est un temple où de vivants piliers
Laissent parfois sortir de confuses paroles ;
L’homme y passe à travers des forêts de symboles
Qui l’observent avec des regards familiers.Comme de longs échos qui de loin se confondent
Dans une ténébreuse et profonde unité,
Vaste comme la nuit et comme la clarté,
Les parfums, les couleurs et les sons se répondent.Il est des parfums frais comme des chairs d’enfants,
Doux comme les hautbois, verts comme les prairies,
Et d’autres, corrompus, riches et triomphants,Ayant l’expansion des choses infinies,
Comme l’ambre, le musc, le benjoin et l’encens,
Qui chantent les transports de l’esprit et des sens.Charles Beaudelaire
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Par Yvette44 le 7 Août 2012 à 06:10
Réflexion africaine !
Lorsque je nais, je suis noir.
Lorsque je grandis, je suis noir.
Lorsque je suis malade, je suis noir.
Lorsque j'ai froid, je suis noir.
Lorsque j'ai peur, je suis noir.
Lorsque je vais au soleil, je suis noir.
Et lorsque je meurs, je suis et je reste noir.
Toi, homme blanc :
Quand tu nais, tu es rose.
Quand tu grandis, tu es pêche.
Quand tu es malade, tu es vert.
Quand tu as froid, tu es bleu.
Quand tu as peur, tu es blanc.
Quand tu vas au soleil, tu es rouge.
Et quand tu meurs, tu es mauve.Et tu oses me traiter d'homme de couleur?
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Par Yvette44 le 28 Juillet 2012 à 06:23
Harmonie du soir
Voici venir les temps ou vibrant sur sa tige
Chaque fleur s'évapore ainsi qu'un encensoir
Les sons et les parfums tournent dans l'air du soir
Valse mélancolique et langoureux vertigeChaque fleur s'évapore ainsi qu'un encensoir
Le violon frémit comme un coeur qu'on afflige
Valse mélancolique et langoureux vertige
Le ciel est triste et beau comme un grand reposoirLe violon frémit comme un coeur qu'on afflige
Un coeur tendre qui hait le néant vaste et noir
Le ciel est triste et beau comme un grand reposoir
Le soleil s'est noyé dans son sang qui se figeUn coeur tendre qui hait le néant vaste et noir
Du passé lumineux recueille tout vestige
Le soleil s'est noyé dans son sang qui se fige
Ton souvenir en moi luit comme un ostensoirCharles Baudelaire
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Par Yvette44 le 24 Juillet 2012 à 06:44
Bel aubépin, fleurissant,
Verdissant
Le long de ce beau rivage, Tu es vêtu jusqu'au bas
Des longs bras
D'une lambruche sauvage.
Deux camps de rouges fourmis
Se sont mis
En garnison sous ta souche.
Dans les pertuis de ton tronc
Tout du long
Les avettes ont leur couche.
Le chantre rossignolet
Nouvelet,
Courtisant sa bien-aimée,
Pour ses amours alléger
Vient loger
Tous les ans en ta ramée.
Sur ta cime il fait son nid
Tout uni
De mousse et de fine soie,
Où ses petits écloront,
Qui seront
De mes mains la douce proie.
Or vis gentil aubépin,
Vis sans fin,
Vis sans que jamais tonnerre,
Ou la cognée, ou les vents,
Ou les temps
Te puissent ruer par terre.Pierre de Ronsart
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