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      Photo trouvée sur le net

     

    IL PLEUT de (Francis Carco)
     
     
    Il pleut — c’est merveilleux. Je t’aime.
    Nous resterons à la maison :
    Rien ne nous plaît plus que nous-mêmes
    Par ce temps d’arrière-saison.

    Il pleut. Les taxis vont et viennent.
    On voit rouler les autobus
    Et les remorqueurs sur la Seine
    Font un bruit... qu’on ne s’entend plus !

    C’est merveilleux : il pleut. J’écoute
    La pluie dont le crépitement
    Heurte la vitre goutte à goutte...
    Et tu me souris tendrement.

    Je t’aime. Oh ! ce bruit d’eau qui pleure,
    Qui sanglote comme un adieu.
    Tu vas me quitter tout à l’heure :
    On dirait qu’il pleut dans tes yeux.


    Francis CARCO (1886-1958)

     


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    Paul Signac Femmes au puits 1892

     Femmes au puits de Paul Signac 1892

     

    Le puits

     

    Le puits profond était poli comme un miroir ;
    Le ciel s'y reflétait tout bleu, pur de nuages,
    Formant d'azur et or un nimbe aux frais visages
    Des amoureux penchés et ravis de s'y voir.

    Sur le riant cristal encadré d'un mur noir
    Se jouaient leurs yeux vifs en mille badinages ;
    Lancés du bout des doigts, entre ces deux images
    Les baisers voltigeaient dans le sombre couloir.

    Voici qu'aux doux signaux et qu'à l'oeillade folle
    La source en bouillonnant vient couper la parole :
    Du flot qui les traduit le sourire est moins clair...

    Mais pour mieux se parler dans ces brèves tempêtes,
    Mélant leurs cheveux blonds, ils rapprochaient leurs têtes,
    Et les baisers cessaient de se perdre dans l'air.

    Victor de Laprade
    (1812-1883)

     


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  • bateaux-hollandais-dans-la-tempete-Turner-1801.jpg  Turner 1801, bateaux hollandais dans la tempête

     

    Homme et la Mer

     

    Homme libre toujours tu chériras la mer!

    La mer est ton miroir; tu contemples ton âme

    Dans le déroulement infini de sa lame,

    Et ton esprit n´est pas un gouffre moins amer.

     

    Tu te plais à plonger au sein de ton image;

    Tu l´embrasses des yeux et des bras, et ton cœur

    Se distrait quelquefois de sa propre rumeur

    Au bruit de cette plainte indomptable et sauvage.

     

    Vous êtes tous les deux ténébreux et discrets:

    Homme, nul n´a sondé le fond de tes abîmes,

    O mer, nul ne connaît tes richesses intimes,

    Tant vous êtes jaloux de garder vos secrets!

     

    Et cependant voilà des siècles innombrables

    Que vous vous combattez sans pitié ni remords,

    Tellement vous aimez le carnage et la mort,

    O lutteurs éternels, ô frères implacables!

      

     

    Charles Baudelaire 

     

     

     


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     François Cavanna

     Ma langue française

    Suis-je un intellectuel ? Je ne sais pas. Je ne sais pas trop ce que c'est. Je ne suis pas allé «dans les écoles», je suis tout juste allé à l'école. J'étais un gosse de la rue, et parmi les plus pauvres d'entre les pauvres. J'étais un enfant d'immigré. Je suis né et j'ai grandi dans le milieu fermé des travailleurs italiens du bâtiment de la banlieue de Paris. J'étais destiné à devenir maçon, comme papa, ou employé des postes, ce qui aurait fait tellement plaisir à maman. J'aurais été l'un ou l'autre sans regret, j'aurais, je le sais, fait joyeusement mon boulot, j'aurais été un maçon habile et consciencieux ou un postier qui aurait grimpé les échelons. J'ai d'ailleurs été l'un et l'autre, successivement.
    Si je ne m'y suis pas tenu, c'est que mes réactions devant les hasards de la vie, en une époque tout spécialement épouvantable, m'ont projeté hors de l'orbite assignée. Et voilà que j'ai fait métier de dessiner, et puis d'écrire, et que j'ai pu aider, pendant la plus fructueuse partie de ma vie, de plus jeunes que moi à dessiner et à écrire. On m'a appris à lire très tôt, dès ma quatrième année, je pense. En tout cas, à six ans, je lisais et écrivais à peu près couramment, comme d'ailleurs les autres enfants de pauvres que leurs mères accablées de travail confiaient chaque matin à l'école maternelle.
    La lecture est devenue très vite pour moi un enchantement, puis une passion, un besoin, une intoxication. Je t'ai découvert dans les pages des livres où tu te cachais, ô mon beau parler français, et ce fut le coup de foudre.
    Au vrai, je t'ai découvert en deux fois: d'abord le parler de la vie, et puis le parler des livres.
    Je parlais comme parle un enfant: par imitation. Le français était ma langue maternelle et exclusive. Maman, fière paysanne des forêts de la Nièvre, n'autorisait que le français à la maison. C'était aussi la langue de la rue où nous traînions entre galopins, car tous les petits Ritals, passé la porte de chez eux, ne connaissaient que le français, ou plutôt l'argot des faubourgs. L'italien était pour moi une langue secrète et prestigieuse que parlait mon père avec ses camarades et que je ne comprenais pas.
    A la maternelle, on nous lisait « Le Petit Poucet ». On nous faisait chanter des chansons. Ces mots qui n'étaient pas les mots de tous les jours, de la maison, de la rue, et quand même des mots simples que je connaissais, mais arrangés de façon jolie, ces mots me ravissaient, m'émouvaient, m'emportaient ailleurs, là où le ciel est bleu comme sur les images.
    Je me suis abandonné à la magie des mots, au balancement rythmé de la phrase. Je trouvais dans les mots plus que le sens des mots. J'entendais la musique des mots, je voyais le dessin des mots, et la couleur des mots, autant que les êtres et les objets qu'ils évoquaient, autant que l'histoire qu'ils racontaient.
    J'étais un enfant intelligent, exagérément sensible peut-être. Je ne comprenais pas tout, mais je pressentais. Ce qui lui demeurait énigme, ma mémoire le mettait de côté, ça finirait bien par s'éclaircir. Ça finissait bien, en effet.
    Plus tard, ô ma langue bien-aimée, j'ai dû apprendre tes lois et tes rituels et, si je n'ai pas toujours été un bon élève, car j'étais fort turbulent, je les ai du moins reçus comme les règles d'un jeu fascinant, je n'y voyais ni contrainte ni arbitraire, mais logique et cohérence. On m'enseignait en même temps les rudiments de l'arithmétique, de la géométrie et des sciences dites « physiques », et j'y trouvais la même harmonie, la même rigueur procédant de la même logique, car il n'y a qu'une logique. Ce monde était un monde solide et beau. Tu y resplendissais et l'éclairais, car c'est par toi qu'on me l'expliquait.

     

     

    (extrait de Mignonne, allons voir si la rose... éditions Belfond)


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                            La coquette et l'abeille

    Chloé, jeune, jolie, et surtout fort coquette,
    Tous les matins, en se levant,
    Se mettait au travail, j'entends à sa toilette ;
    Et là, souriant, minaudant,
    Elle disait à son cher confident
    Les peines, les plaisirs, les projets de son âme.
    Une abeille étourdie arrive en bourdonnant.
    Au secours ! Au secours ! Crie aussitôt la dame :
    Venez, Lise, Marton, accourez promptement ;
    Chassez ce monstre ailé. Le monstre insolemment
    Aux lèvres de Chloé se pose.
    Chloé s'évanouit, et Marton en fureur
    Saisit l'abeille et se dispose
    à l'écraser. Hélas ! Lui dit avec douceur
    L'insecte malheureux, pardonnez mon erreur ;
    La bouche de Chloé me semblait une rose,
    Et j'ai cru... ce seul mot à Chloé rend ses sens.
    Faisons grâce, dit-elle, à son aveu sincère :
    D'ailleurs sa piqûre est légère ;
    Depuis qu'elle te parle, à peine je la sens.
    Que ne fait-on passer avec un peu d'encens !
    Fable de Florian


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    Mais laisse-moi, ô Dyambéré!
    Toi qui portes l'écharpe aux franges longues,
    Laisse-moi chanter les oiseaux.
    Les oiseaux qui écoutèrent la Princesse en allée
    Et reçurent ses confidences dernières.
    Et vous, Jeunes Filles, chantez, chantez doucement
    Iah!... Iah!... le bel oiseau.
    Et toi, Maître-du-fusil-formidable,
    Laisse-moi contempler l'oiseau que j'aime,
    L'oiseau que mon ami et moi aimons.
    Laisse-moi, Maître-du-boubou-éclatant,
    Maître aux vêtements plus brillants que la clarté du jour,
    Laisse-moi aimer l'oiseau d'amour.

     

    Léopold Sédar Senghor
    Traductions Poèmes africains


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      elle 4 bis

    LE CHANT DE L’EAU

     

    L'entendez-vous, l'entendez-vous

    Le menu flot sur les cailloux ?

    Il passe et court et glisse,

    Et doucement dédie aux branches,

    Qui sur son cours se penchent,

    Sa chanson lisse.

     

    Là-bas,

    Le petit bois de cornouillers

    Où l'on disait que Mélusine

    Jadis, sur un tapis de perles fines,

    Au clair de lune, en blancs souliers

    Danse;

     

     

    Le petit bois de cornouillers

    Et tous ses hôtes familiers,

    Et les putois et les fouines,

    Et les souris et les mulots,

    Ecoutent

    Loin des sentes et loin des routes

    Le bruit de l'eau...

     

    Emile Verhaeren.


     


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    Reposez-vous, les belles fleurs,
    Dormez, dormez !
    Les bruits des bois déjà se taisent,
    Dormez, dormez !
    La nuit va ternir vos couleurs.
    Le soir descends,
    La nuit va ternir vos couleurs
    Au vent du soir
    La nuit va ternir vos couleurs
    Les nids se taisent.

    Reposez-vous, les belles fleurs
    Dormez, dormez !
    L'astre d'argent veille sur vous,
    Dormez, dormez !
    Demain vous brillerez encor,
    Dormez, dormez !

    Le rossignol au chant si doux
    Viendra chanter. De vos cœurs
    Chassez les pleurs !
    Le rossignol au chant si doux
    Viendra chanter avec l'aurore,
    Viendra chanter avec l'aurore.

    Reposez-vous les belles fleurs !
    Dormez, dormez !

    (Stephan Bordèse)

     


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  •   Image10

     

    Un coucher de soleil, en Bretagne  (José M. de Hérédia)

     

        

         Les ajoncs éclatants, parure du granit,
         Dorent l'âpre sommet que le couchant allume.
         Au loin, brillante encore par sa barre d'écume,
         La mer sans fin, commence où la terre finit !

     
         A mes pieds, c'est la nuit, le silence. Le nid
         Se tait. L'homme est rentré sous le chaume qui fume ;
         Seul l'Angélus du soir, ébranlé dans la brume,
         A la vaste rumeur de l'Océan s'unit. 

     
         Alors, comme du fond d'un abîme, des traînes,
         Des landes, des ravins, montent des voix lointaines
         De pâtres attardés ramenant le bétail.

     
         L'horizon tout entier s'enveloppe dans l'ombre,
         Et le soleil mourant, sur un ciel riche et sombre,
         Ferme les branches d'or de son rouge éventail.

    (La nature et le rêve) 

    José Maria de Hérédia


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    arosoir renoir

    La petite fille à l'arrosoir Auguste Renoir

    L'Arrosoir!

    L'arrosoir pleut,
    L'arrosoir pleure,
    Il a du chagrin pour les fleurs.

    L'arrosoir pleut,
    L'arrosoir pleure,
    Il donne tout le fond de son cœur

     

    Comptine.

     


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