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Par Yvette44 le 11 Juillet 2010 à 06:52
Soleil couchant
Les ajoncs éclatants, parure du granit,
Dorent l'âpre sommet que le couchant allume;
Au loin, brillante encor par sa barre d'écume,
La mer sans fin commence où la terre finit.A mes pieds, c'est la nuit, le silence. Le nid
Se tait, l'homme est rentré sous le chaume qui fume;
Seul, l'Angélus du soir, ébranlé dans la brume,
A la vaste rumeur de l'Ocean s'unit.Alors, comme du fond d'un abîme, des traînes,
Des landes, des ravins, montent des voix lointaines
De pâtres attardés ramenant le bétail.L'horizon tout entier s'enveloppe dans l'ombre,
Et le soleil mourant, sur un ciel riche et sombre,
Ferme les branches d'or de son rouge éventail.José-María de Heredia
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Par Yvette44 le 22 Juin 2010 à 07:52
L'âge de la mer , de Pierre Ménanteau
La mer ressemble aux vieilles gens
Qui se répètent très souvent.
C'est surtout dans les mois d'été
Qu'elle se met à rabâcher.
Elle dit l'heure de la plage,
Elle dit l'heure du bronzage,
Elle dit: je monte, je baisse,
Elle parle, parle sans cesse
Et fait de l'écume en parlant,
Et malgré tout on s'émerveille
Qu'elle soit jeune en étant si vieille:
Ses rides lui viennent du vent.Pierre Ménanteau1895 1992
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Par Yvette44 le 13 Juin 2010 à 07:31
La Famille .
La mère fait du tricot
Le fils fait la guerre
Elle trouve ça tout naturel la mère
Et le père qu'est-ce qu'il fait le père?
Il fait des affaires
Sa femme fait du tricot
Son fils la guerre
Lui des affaires
Il trouve ça tout naturel le père
Et le fils
Qu'est-ce qu'il trouve le fils?
Il ne trouve absolument rien le fils
Le fils sa mère fait du tricot son père des affaires lui la guerre
Quand il aura fini la guerre
Il fera des affaires avec son père
La guerre continue la mère continue elle tricote
Le père continue il fait des affaires
Le fils est tué il ne continue plus
Le père et la mère vont au cimetière
Ils trouvent ça naturel le père et la mère
La vie continue la vie avec le tricot la guerre les affaires
Les affaires la guerre le tricot la guerre
Les affaires les affaires et les affaires
La vie avec le cimetière.Jacques Prévert(1900-1977)
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Par Yvette44 le 1 Juin 2010 à 06:57
Le petit chat
C'est un petit chat noir, effronté comme un page.
Je le laisse jouer sur ma table, souvent.
Quelquefois il s'assied sans faire de tapage;
On dirait un joli presse-papier vivant.Rien de lui, pas un poil de sa toison ne bouge.
Longtemps, il reste là, noir sur un feuillet blanc,
A ces matous, tirant leur langue de drap rouge,
Qu'on fait pour essuyer les plumes, ressemblant.Quand il s'amuse, il est extrêmement comique,
Pataud et gracieux, tel un ourson drôlet.
Souvent je m'accroupis pour suivre sa mimique
Quand on met devant lui la soucoupe de lait.Tout d'abord de son nez délicat il le flaire,
Le frôle; puis, à coups de langue très petits,
Il le lampe; et dès lors il est à son affaire;
Et l'on entend, pendant qu'il boit, un clapotis.Il boit, bougeant la queue et sans faire une pause,
Et ne relève enfin son joli museau plat
Que lorsqu'il a passé sa langue rêche et rose
Partout, bien proprement débarbouillé le plat.Alors, il se pourlèche un moment les moustaches,
Avec l'air étonné d'avoir déjà fini;
Et, comme il s'aperçoit qu'il s'est fait quelques taches,
Il relustre avec soin son pelage terni.Ses yeux jaunes et bleus sont comme deux agates;
Il les ferme à-demi, parfois, en reniflant,
Se renverse, ayant pris son museau dans ses pattes,
Avec des airs de tigre étendu sur le flanc.Mais le voilà qui sort de cette nonchalance,
Et, faisant le gros dos, il a l'air d'un manchon;
Alors pour l'intriguer un peu, je lui balance,
Au bout d'une ficelle invisible un bouchon.Il fuit en galopant et la mine effrayée,
Puis revient au bouchon, le regarde, et d'abord
Tient suspendue en l'air sa patte repliée,
Puis l'abat, et saisit le bouchon et le mord.Je tire la ficelle, alors, sans qu'il le voie;
Et le bouchon s'éloigne, et le chat noir le suit,
Faisant des ronds avec sa patte qu'il envoie,
Puis saute de côté, puis revient, puis refuit.Mais dès que je lui dis: "Il faut que je travaille;
Venez vous asseoir là, sans faire le méchant!"
Il s'assied ... Et j'entends, pendant que j'écrivaille,
Le petit bruit mouillé qu'il fait en se léchant.
Edmond Rostand
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Par Yvette44 le 12 Mai 2010 à 07:36
Le chartier embourbé
Le phaéton d'une voiture à foin
Vit son char embourbé. Le pauvre homme était loin
De tout humain secours : c'était à la campagne,
Près d'un certain canton de la basse Bretagne,
Appelé Quimper-Corentin.
On sait assez que le destin
Adresse là les gens quand il veut qu'on enrage:
Dieu nous préserve du voyage!
Pour venir au chartier embourbé dans ces lieux,
Le voilà qui déteste et jure de son mieux,l
Pestant, en sa fureur extrême,
Tantôt contre les trous, puis contre ses chevaux,
Contre son char, contre lui-même.
Il invoque à la fin le dieu dont les travaux
Sont si célèbres dans le monde :
« Hercule, lui dit-il, aide-moi. Si ton dos
A porté la machine ronde,
Ton bras peut me tirer d'ici. »
Sa prière étant faite, il entend dans la nue
Une voix qui lui parle ainsi:
« Hercule veut qu'on se remue;
Puis il aide les gens. Regarde d'où provient
L'achoppement qui te retient;
Ote d'autour de chaque roue
Ce malheureux mortier, cette maudite boue
Qui jusqu'à l'essieu les enduit; .
Prends ton pic et me romps ce caillou qui te nuit;
Comble-moi cette ornière. As-tu fait? - Oui, dit l'homme.
- Or bien je vas t'aider, dit la voix. Prends ton fouet.
- Je l'ai pris. Qu'est ceci? mon char marche à souhait:
Hercule en soit loué! » Lors la voix: « Tu vois comme
Tes chevaux aisément se sont tirés de là.
Aide-toi, le Ciel t'aidera. »Jean de la Fontaine
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Par Yvette44 le 6 Mai 2010 à 06:55
Les quatre saisons d'Arcimboldo
VOICI DES FLEURS, des FRUITS, des FEUILLES et des BRANCHES Verlaine - chanté par Serge LAMA
Voici des fleurs, des fruits
des feuilles et des branches,
et puis voici mon cœur qui ne bat que pour vous,
ne le déchirez pas avec vos deux mains blanches,
et qu’à vos yeux si beaux, l’humble présent soit doux.
Voici des fleurs, des fruits
des feuilles et des branches
la gare Montparnasse,ô, vous souvenez-vous,
votre cœur était pur, votre robe était blanche,
votre amour était clair,votre corps était doux.
Voici des fleurs, des fruits
des feuilles et des branches
et voici l’escalier des premiers rendez-vous,
et mon baiser soudain sur votre peau si blanche,
vous si calme déjà, et moi déjà si fou.
Voici des fleurs, des fruits
des feuilles et des branches
et puis voici ce train qui me fait comme un trou
et puis voici sa main entre vos deux mains
blanches
et voici son baiser qui hante votre cou.
Voici des fleurs, des fruits
des feuilles et des branches
et puis voici ce train qui s’éloigne sans nous,
je vous crie : « au secours », mais ma voix est si blanche
et vous me laissez seul au milieu du mois d’août.
Voici des fleurs, des fruits
des feuilles et des branches
et puis voici la pluie qui coule dans mon cou
ô, ne l’essuyez pas avec vos deux mains blanches
et laissez-moi souffrir mon chemin jusqu’au bout,
jusqu’au bout, jusqu’au bout.
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Par Yvette44 le 1 Mai 2010 à 07:37
Delacroix, la liberté guidant le peuple, 28 juillet 1830
Liberté
Prenez du soleil
Dans le creux des mains,
Un peu de soleil
Et partez au loin !
Partez dans le vent,
Suivez votre rêve;
Partez à l'instant,
la jeunesse est brève !
Il est des chemins
Inconnus des hommes,
Il est des chemins
Si aériens !
Ne regrettez pas
Ce que vous quittez.
Regardez, là-bas,
L'horizon briller.
Loin, toujours plus loin,
Partez en chantant !
Le monde appartient
A ceux qui n'ont rien.
Maurice Careme
1899-1978
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Par Yvette44 le 27 Avril 2010 à 07:25
José Tapiró y Baró 1836-1913 peintre , Africain
Paroles d’Afrique
Si tu possèdes de grandes richesses
Et si tu ne fais pas de don,
Et que tu n’offres rien aux enfants de tes frères,
Si un mendiant vient à toi,
Et que tu le renvoies les mains vides,
Quand tu deviendras vieux et que tu mourras,
A ce moment là,
Ta mort sera semblable à celle d’une souris de ta maison,
Et la nouvelle de ta mort ne dépassera pas le seuil de ta porte,
Car comme la vulgaire mouche, comme elle, tu es sans poids.
Texte recueilli dans "Carnets de Sagesse"
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Par Yvette44 le 12 Avril 2010 à 07:30
Bella
Bien sûr, il faut un maître, et je suis caressante,
Aux rayons du matin, je viens pour t’émouvoir,
En habit de velours, ton regard peut me voir,
M’étirant alanguie à l’aube évanescente.
Quand je dors étendue, heureuse, attendrissante,
Tu viens me contempler, je peux t’apercevoir.
Etalant sur ton cœur mon charme et mon pouvoir,
Ma vie auprès de toi s’écoule, éblouissante.
Sur mon pelage doux, aguichant et soyeux,
Ta main frôle mon corps, met l’éclat dans mes yeux,
Je deviens ton objet, ta plus tendre peluche.
Rebelle, je m’échappe et pourtant je suis là,
M’enroule sur ta jambe ou tes genoux me juche,
En nous brille l’amour quand tu dis : ‘‘ Ma Bella "!
Dominique Simonet.
Vous connaissez maintenant bien Dominique Simonet,
je vous ai présenté plusieurs de ses poèmes.
Celui-ci, il l'a écrit pour un de ses amis et il a été primé en Vendée.
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