• Extrait de mes écrits sur Gouraya
    Les roses de Gouraya

     

    Devant la gendarmerie, toute la façade était bordée de rosiers et il y en avait deux en particulier, un rose aux pétales très serrés et très denses et un pourpre velours foncé ; et ils avaient un parfum extraordinaire, ma foi comme toutes les roses de l’époque. J’adorais promener mon nez dessus. Je commençais à comprendre qu’il ne fallait pas  cueillir les fleurs dès que j’en trouvais une tentante. Je les aimais très ouvertes, c’est là qu’elles exhalaient le mieux leur parfum, je leur rendais visite régulièrement ; j’étais impatiente de voir les boutons éclore. Elles étaient la pureté même. Et ces rosiers étaient retenus par de grands câbles qui nous servaient de  balancelle. Il y avait aussi deux ou trois petits palmiers qui donnaient de toutes petites dattes insipides mais quand on est gamin on mange n’importe quoi. On attendait que les roses perdent leurs pétales pour manger les fruits rouges qu’elles formaient et c’était très bon. On ne se gênait pas non plus pour manger les têtes des pousses des rosiers de même que celles des ronces qui étaient astringentes et nous faisaient saliver.

    Je ne cultive que peu de rosiers dans mon jardin. La raison ? Les roses de Gouraya n’auront jamais leurs remplaçantes dans mon cœur. Aucune ne pourra supplanter ces fleurs merveilleuses. Elles me paraissaient  antiques, surannées. J’avais l’impression qu’elles étaient là depuis toujours, pour le plaisir de mes yeux. Il ne fallait pas y toucher, leurs épines montant la garde ! Chez les Grecs, Aphrodite déesse de l’amour n’avait-elle pas choisi cette fleur pour sa grâce ? Chloris déesse des fleurs l’aurait créée à partir du corps d’une nymphe sans vie découverte dans une clairière. Elle fut aidée dans sa tâche par Aphrodite qui lui attribua la beauté et par Dionysos, dieu du vin, qui lui offrit la couleur rouge et son enivrant parfum. Zéphir les assista en chassant les nuages afin de permettre à Apollon d’envoyer ses chauds rayons pour la faire éclore. Ce fut la naissance de la reine des fleurs. 

    Mes roses de Gouraya ! Elles ne se déployaient que pour moi. Qui me dira ce qu’elles sont devenues ? Auront-elles été adulées par d’autres poètes en herbe ? Leur exhalaison, leur charme ont-ils continué à enchanter d’autres âmes amoureuses de cette sublime nature ?

    Je les revisitais la nuit dans mes rêves ; il m’arrivait parfois de les humer et chose étrange pour un rêve, je retrouvais leur parfum. Mes très chères roses !
                      Béjar / Yvette


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  • Extrait de mes écrits sur Gouraya
    Les roses de Gouraya

     

    Devant la gendarmerie, toute la façade était bordée de rosiers et il y en avait deux en particulier, un rose aux pétales très serrés et très denses et un pourpre velours foncé ; et ils avaient un parfum extraordinaire, ma foi comme toutes les roses de l’époque. J’adorais promener mon nez dessus. Je commençais à comprendre qu’il ne fallait pas  cueillir les fleurs dès que j’en trouvais une tentante. Je les aimais très ouvertes, c’est là qu’elles exhalaient le mieux leur parfum, je leur rendais visite régulièrement ; j’étais impatiente de voir les boutons éclore. Elles étaient la pureté même. Et ces rosiers étaient retenus par de grands câbles qui nous servaient de  balancelle. Il y avait aussi deux ou trois petits palmiers qui donnaient de toutes petites dattes insipides mais quand on est gamin on mange n’importe quoi. On attendait que les roses perdent leurs pétales pour manger les fruits rouges qu’elles formaient et c’était très bon. On ne se gênait pas non plus pour manger les têtes des pousses des rosiers de même que celles des ronces qui étaient astringentes et nous faisaient saliver.

    Je ne cultive que peu de rosiers dans mon jardin. La raison ? Les roses de Gouraya n’auront jamais leurs remplaçantes dans mon cœur. Aucune ne pourra supplanter ces fleurs merveilleuses. Elles me paraissaient  antiques, surannées. J’avais l’impression qu’elles étaient là depuis toujours, pour le plaisir de mes yeux. Il ne fallait pas y toucher, leurs épines montant la garde ! Chez les Grecs, Aphrodite déesse de l’amour n’avait-elle pas choisi cette fleur pour sa grâce ? Chloris déesse des fleurs l’aurait créée à partir du corps d’une nymphe sans vie découverte dans une clairière. Elle fut aidée dans sa tâche par Aphrodite qui lui attribua la beauté et par Dionysos, dieu du vin, qui lui offrit la couleur rouge et son enivrant parfum. Zéphir les assista en chassant les nuages afin de permettre à Apollon d’envoyer ses chauds rayons pour la faire éclore. Ce fut la naissance de la reine des fleurs. 

    Mes roses de Gouraya ! Elles ne se déployaient que pour moi. Qui me dira ce qu’elles sont devenues ? Auront-elles été adulées par d’autres poètes en herbe ? Leur exhalaison, leur charme ont-ils continué à enchanter d’autres âmes amoureuses de cette sublime nature ?

    Je les revisitais la nuit dans mes rêves ; il m’arrivait parfois de les humer et chose étrange pour un rêve, je retrouvais leur parfum. Mes très chères roses !
                      Béjar / Yvette


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  •                     Salertaine



                         Saint joachim

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  •                     Salertaine



                         Saint joachim

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  •                                          La Mouna

               Cette brioche serait d’origine oranaise. Au 16ème siècle, les rois d’Espagne enfermaient leurs courtisans indésirables dans les forteresses qu’ils possédaient sur les côtes d’Afrique du Nord, notamment à Oran, à Fort Lamoune, sur un rocher habité par de nombreux singes, les monos, d’où le nom de fort Lamoune et par la suite de la Mouna. Une fois par an, à Pâques, les familles rendaient visite aux prisonniers et leur apportaient de la brioche parfumée qu’elles leur passaient à travers les barreaux des cellules.


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  •                                          La Mouna

               Cette brioche serait d’origine oranaise. Au 16ème siècle, les rois d’Espagne enfermaient leurs courtisans indésirables dans les forteresses qu’ils possédaient sur les côtes d’Afrique du Nord, notamment à Oran, à Fort Lamoune, sur un rocher habité par de nombreux singes, les monos, d’où le nom de fort Lamoune et par la suite de la Mouna. Une fois par an, à Pâques, les familles rendaient visite aux prisonniers et leur apportaient de la brioche parfumée qu’elles leur passaient à travers les barreaux des cellules.


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    Les pas enchantés
     

    Un parfum de grève mouillée s’est incrusté

    Dans l’atmosphère de cette fin de journée.

    Les rayons obliques du soleil ont teinté

    Les nuages ouatés de couleur safranée.

     

    Quelques mouettes survolent encore les boires

    Et s’interpellent, rieuses, en tourbillonnant,

    Fuyant le chahut au-dessus d’un boulevard

    Issu d’un chemin aux souvenirs fascinants

     

    Petit sillon creusé par les roues des charrettes,

    Amoureux de la très belle et féconde Loire,

    Aux fortes crues envahissantes et frisquettes,

    L’abandonnant submergé à son désespoir,

     

    Il cahotait, heureux, entre les roselières,

    Longeant des closeries aux toits d’ardoises bleues,

    Aux rampes abruptes et couvertes de lierre

    Et des îles aux pâturages généreux.

     

    Vision fugitive, encor qu’inoubliable,

    Où l’on percevait le bruit des sabots de bois

    Aux empeignes de cuir, sur l’inexorable

    Caillasse recouvrant ce vieux sentier étroit.

     

    Mais l’homme insatiable, voulant tout imposer,

    A eu enfin raison de sa tranquillité

    Et lentement il se vit métamorphosé.

    Pour lui ce fut le temps de la prospérité.

     

    Naguère, il prenait son temps, aujourd’hui il court

    Il est puissant, fier, adulé, resplendissant.

    Il se pare volontiers de nobles atours :

    Graminées volages, iris opalescents,

     

    Saules aux chatons d’argent, frênes frémissants,

    Osiers aux tiges cuivrées, ormes aériens,

    Salicaires aux tons pourpres éblouissants

    Le laissant ravi au crépuscule qui vient. 

     

    Béjar / Yvette


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    Les pas enchantés
     

    Un parfum de grève mouillée s’est incrusté

    Dans l’atmosphère de cette fin de journée.

    Les rayons obliques du soleil ont teinté

    Les nuages ouatés de couleur safranée.

     

    Quelques mouettes survolent encore les boires

    Et s’interpellent, rieuses, en tourbillonnant,

    Fuyant le chahut au-dessus d’un boulevard

    Issu d’un chemin aux souvenirs fascinants

     

    Petit sillon creusé par les roues des charrettes,

    Amoureux de la très belle et féconde Loire,

    Aux fortes crues envahissantes et frisquettes,

    L’abandonnant submergé à son désespoir,

     

    Il cahotait, heureux, entre les roselières,

    Longeant des closeries aux toits d’ardoises bleues,

    Aux rampes abruptes et couvertes de lierre

    Et des îles aux pâturages généreux.

     

    Vision fugitive, encor qu’inoubliable,

    Où l’on percevait le bruit des sabots de bois

    Aux empeignes de cuir, sur l’inexorable

    Caillasse recouvrant ce vieux sentier étroit.

     

    Mais l’homme insatiable, voulant tout imposer,

    A eu enfin raison de sa tranquillité

    Et lentement il se vit métamorphosé.

    Pour lui ce fut le temps de la prospérité.

     

    Naguère, il prenait son temps, aujourd’hui il court

    Il est puissant, fier, adulé, resplendissant.

    Il se pare volontiers de nobles atours :

    Graminées volages, iris opalescents,

     

    Saules aux chatons d’argent, frênes frémissants,

    Osiers aux tiges cuivrées, ormes aériens,

    Salicaires aux tons pourpres éblouissants

    Le laissant ravi au crépuscule qui vient. 

     

    Béjar / Yvette


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