• Pierre percée 

     Bord de loire


    Vertou


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  • Pierre percée 

     Bord de loire


    Vertou


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  • Biquet

     Nom d’origine : Négus. Surnoms : grand Biquet, Folcoche, Gromico, Mickey, Papic, Papikiniou, Tictic etc… 1970

     

    Grand Chat noir : Le Chat. Un adjectif le caractérisant : gentil. Il a réconcilié tout son environnement humain (voisins, famille, amis) avec la gent féline.

    Nous habitions Nantes. Un matin, comme j’ouvrais la porte d’entrée de l’appartement, une tornade noire se faufila à toute vitesse entre mes jambes et alla se cacher dans le placard à vêtements de Patricia. Impossible de le faire sortir. Il a fallu que j’attende que Monsieur veuille bien sortir. Quand il a montré son nez, nous étions aussi surpris l’un que l’autre. Qui j’étais ? D’où il venait ? A qui il appartenait ? Comme toujours, réaction immédiate : As-tu faim ? Evidemment ! bon ! à la soupe. Et la suite, on s’en doute, le logement, bien que petit lui plaisait beaucoup. Mais es-tu chat ou chatte, hum !  Apparemment, après examen rapide, tu es une fille. Très sociable, douce, câline encore un peu bébé. Mais voilà, il était question pour nous de déménager. Ma conscience me forçait à retrouver ses maîtres, mon cœur me disait de n’en rien faire.

    Après quelques temps, je rencontrai sous le porche à l’entrée du vieil immeuble, un monsieur me disant savoir que j’avais hébergé un chat noir, il lui appartenait et m’a demandé si je ne pouvais pas le garder. Le vieil immeuble où il habitait étant frappé d’alignement, il devait partir et malade, aller en sanatorium avec son amie, vrai ou faux ? Toujours est-il qu’il a joué sur la corde sensible et j’ai gardé mon Biquet avec moi. En fait, c’était un mâle castré (aux abattoirs de Nantes !) âgé d’un an. Il s’appelait Négus car il était noir ; nous l’avions surnommé Folcoche car il sentait le tabac et nous pensions qu’il appartenait à une voisine célibataire qui fumait à bloc et que nous avions surnommée Folcoche à cause de son caractère non sociable. Donc, Biquet resta avec nous.

     Juste avant de déménager, notre petite Pupuce est arrivée, toute noire elle aussi avec un copain siamois. Et voilà, tout d’un coup, la famille agrandie. Après tout, nous allions dans une grande maison avec un jardin. C’était une vraie folie, dans l’appartement encombré de cartons. C’était chacun son tour, pour se cacher dans, dessus, derrière ces cartons, un vrai régal pour nous trois. Le Siamois, était plus discret.

    Patricia allait à l’école tout près de chez nous. Elle m’affirma qu’un jour elle  vit Biquet dans la cour entouré d’un groupe d’enfants, il se faisait caresser. Il était facile pour lui de pénétrer dans cette école, il passait à travers « la cour des miracles ». Nous, nous faisions le tour par les rues et souvent nous ramenions la fille accompagnée de son chat. Il n’avait pas peur de la circulation et marchait près de nous comme un petit chien.

    Quand nous sommes arrivés à St Sébastien, le froid avait  rapproché mes trois lascars, mais l’inconnu les effrayait un peu, alors nous les voyions à la queue leu leu, partir de chez nous et visiter le secteur, Biquet en tête suivi de Pupuce, noire elle aussi, et de Toto le Siamois. Au grand désespoir de  nos vieux voisins car le terrain n’était pas clôturé «Dis, viens voir, il y en a trois ! ! ».

    La clôture a été rapidement faite, mais notre puce qui était l’agilité même avait pris ça comme un jeu : elle prenait un bon élan, et fonçait par-dessus le grillage les quatre pattes en éventail. On l’avait surnommée la gerboise tant elle était fine.

    Notre grand Biquet, faisait l’admiration de tout le monde. Il était très grand et puissant. Sa fourrure était d’un noir d’ébène, lumineuse, soyeuse et lustrée. Quand on le rencontrait dans le jardin, on avait l’impression qu’il revenait du toilettage, tellement il était tiré à quatre épingles. Il était élégant, beau, fascinant.

    Il était très grand. Son plaisir était de se coucher sur le dos et dès qu’il nous voyait, il allongeait ses pattes avant et arrière au maximum jusqu’à ce qu’il nous entende dire : « Oh ! Qu’il est grand ! » et que nous prenions un mètre pour le mesurer.

    Il était très gentil, doux, câlin et docile. Patricia l’habillait avec des vêtements qu’elle avait quand elle était bébé. Il adorait ça. Il était joueur, coquin, très sociable. Cela ne le gênait pas d’aller rendre visite aux voisins, qui l’acceptaient bien car c’était un grand chasseur, il a dératisé tout le quartier. Un jour, Pupuce est entrée dans la maison. Nous avions des invités. Elle avait un rat dans la gueule et nous en a fait cadeau. Biquet n’a pas voulu être en reste, cinq minutes plus tard il revenait lui aussi avec le même présent. C’était le branle-bas de combat, il fallait vérifier si les petites bêtes étaient vivantes ou mortes, pour éviter qu’elles ne souffrent. Je ne compte plus le nombre de fois où nous avons remis en liberté ces pauvres créatures.

    J’ai déjà dit que Patricia aimait l’habiller. Une fois son copain déguisé, elle le déposait dans un panier, maintenait celui-ci sur le porte-bagages de son vélo et s’en allait en balade dans le quartier, notre Biquet tout heureux faisant semblant de dormir.

    Biquet était considéré comme le chef de file. Comme il s’absentait rarement, (il ne partait jamais longtemps), j’attendais qu’il soit là pour donner à manger à tout le monde, la chienne y compris. Il était gourmand mais pas voleur, il ne griffait jamais. C’était un grand ronronneur, il dormait toujours avec nous la nuit, surtout avec Patricia. Il avait dû être sevré trop tôt, et suçait tout le linge doux qu’il trouvait, il « patinait » dessus et le tétait. Quand il dormait avec Patricia, il s’attaquait à sa chemise de nuit. Il a fallu la sacrifier et la lui réserver ; c’était son « tète-suce » comme l’appelait Patricia qui était encore petite. Biquet n’est plus depuis longtemps mais le tête-suce est toujours là.

    Il aimait les humains mais aussi ses congénères, il n’était pas rare de le voir faire la toilette même des autres chats voisins, n’importe où, et jusque sur le milieu de la route. Un jour, une des chattes a attiré plusieurs chats du quartier dans le jardin, et notre Biquet qui ne comprenait rien ( il était castré) pensait que c’était pour jouer ; il s’est retrouvé sur le dos avec un copain à califourchon sur lui, lui, pensant que c’était pour jouer, l’autre le prenant pour une chatte un peu bizarre.

    Il avait deux maisons, chez nous et chez mes beaux-parents au bout du jardin. Il faisait la sieste affalé sur la poitrine de grand-père. Il était pourtant très lourd, mais on ne pouvait pas le repousser. Ce chat était une exception. Il nous suivait comme un petit chien. Quand il y avait des restes à la fin des repas, Grand-père appelait Biquet en tapant dehors avec une cuillère sur le bord d’une assiette ; notre grand chat comprenait le message et se précipitait à toute vitesse dans le fond du jardin.

    En 1978, il avait à peu près huit ans, on a remarqué qu’il avait moins d’entrain, son poil n’était pas beau. Le vétérinaire lui a fait une prise de sang, il avait un taux d’urée important, il n’y avait pas grand-chose à faire. En novembre j’ai été hospitalisée, pour un problème thyroïdien. En revenant à la maison, j’avais un beau cadeau, une belle chatte grise m’attendait, Nénette. Mais mon Biquet n’allait pas mieux. Il est parti pendant trois jours, puis il est revenu encore plus affaibli. J’ai décidé de l’emmener le soir même chez le vétérinaire, malheureusement il m’a échappé et nous ne l’avons plus revu. Il avait dû sombrer dans une sorte de coma léger pendant trois jours puis il était revenu nous dire adieu à sa façon, et a fait de même chez mes beaux-parents. Nous avons fait tout le quartier, personne ne l’avait vu. Ce fut une grande perte pour nous. Il n’a pas voulu nous montrer sa déchéance et a préféré partir, seul. Nous gardons un souvenir inoubliable de ce chat, je le répète, c’était Le Chat, qui plus est, un chat noir. Nous étions en adoration devant lui. Depuis Biquet, j’ai toujours eu un chat noir à  la maison, Patricia aussi. Comme nombre de félinophiles, j’ai un faible pour ceux dont le pelage est de velours noir avec comme seuls repères deux immenses yeux cuivrés ou verts, quand ils veulent bien nous les laisser entrevoir. Pour nous c’est un porte-bonheur. Qui allait prendre la suite ? Et bien c’est tout trouvé. Ati, la petite chatte noire qui avait élu domicile chez nous, trois ans plus tôt, et qui était très discrète. Elle a été notre compagne pendant vingt-deux ans.

    On avait surnommé Biquet « Tictic » car avec l’âge ses griffes n’étaient plus rétractiles, et quand il marchait sur le carrelage, on le reconnaissait, il faisait un petit bruit particulier.

     


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  • Biquet

     Nom d’origine : Négus. Surnoms : grand Biquet, Folcoche, Gromico, Mickey, Papic, Papikiniou, Tictic etc… 1970

     

    Grand Chat noir : Le Chat. Un adjectif le caractérisant : gentil. Il a réconcilié tout son environnement humain (voisins, famille, amis) avec la gent féline.

    Nous habitions Nantes. Un matin, comme j’ouvrais la porte d’entrée de l’appartement, une tornade noire se faufila à toute vitesse entre mes jambes et alla se cacher dans le placard à vêtements de Patricia. Impossible de le faire sortir. Il a fallu que j’attende que Monsieur veuille bien sortir. Quand il a montré son nez, nous étions aussi surpris l’un que l’autre. Qui j’étais ? D’où il venait ? A qui il appartenait ? Comme toujours, réaction immédiate : As-tu faim ? Evidemment ! bon ! à la soupe. Et la suite, on s’en doute, le logement, bien que petit lui plaisait beaucoup. Mais es-tu chat ou chatte, hum !  Apparemment, après examen rapide, tu es une fille. Très sociable, douce, câline encore un peu bébé. Mais voilà, il était question pour nous de déménager. Ma conscience me forçait à retrouver ses maîtres, mon cœur me disait de n’en rien faire.

    Après quelques temps, je rencontrai sous le porche à l’entrée du vieil immeuble, un monsieur me disant savoir que j’avais hébergé un chat noir, il lui appartenait et m’a demandé si je ne pouvais pas le garder. Le vieil immeuble où il habitait étant frappé d’alignement, il devait partir et malade, aller en sanatorium avec son amie, vrai ou faux ? Toujours est-il qu’il a joué sur la corde sensible et j’ai gardé mon Biquet avec moi. En fait, c’était un mâle castré (aux abattoirs de Nantes !) âgé d’un an. Il s’appelait Négus car il était noir ; nous l’avions surnommé Folcoche car il sentait le tabac et nous pensions qu’il appartenait à une voisine célibataire qui fumait à bloc et que nous avions surnommée Folcoche à cause de son caractère non sociable. Donc, Biquet resta avec nous.

     Juste avant de déménager, notre petite Pupuce est arrivée, toute noire elle aussi avec un copain siamois. Et voilà, tout d’un coup, la famille agrandie. Après tout, nous allions dans une grande maison avec un jardin. C’était une vraie folie, dans l’appartement encombré de cartons. C’était chacun son tour, pour se cacher dans, dessus, derrière ces cartons, un vrai régal pour nous trois. Le Siamois, était plus discret.

    Patricia allait à l’école tout près de chez nous. Elle m’affirma qu’un jour elle  vit Biquet dans la cour entouré d’un groupe d’enfants, il se faisait caresser. Il était facile pour lui de pénétrer dans cette école, il passait à travers « la cour des miracles ». Nous, nous faisions le tour par les rues et souvent nous ramenions la fille accompagnée de son chat. Il n’avait pas peur de la circulation et marchait près de nous comme un petit chien.

    Quand nous sommes arrivés à St Sébastien, le froid avait  rapproché mes trois lascars, mais l’inconnu les effrayait un peu, alors nous les voyions à la queue leu leu, partir de chez nous et visiter le secteur, Biquet en tête suivi de Pupuce, noire elle aussi, et de Toto le Siamois. Au grand désespoir de  nos vieux voisins car le terrain n’était pas clôturé «Dis, viens voir, il y en a trois ! ! ».

    La clôture a été rapidement faite, mais notre puce qui était l’agilité même avait pris ça comme un jeu : elle prenait un bon élan, et fonçait par-dessus le grillage les quatre pattes en éventail. On l’avait surnommée la gerboise tant elle était fine.

    Notre grand Biquet, faisait l’admiration de tout le monde. Il était très grand et puissant. Sa fourrure était d’un noir d’ébène, lumineuse, soyeuse et lustrée. Quand on le rencontrait dans le jardin, on avait l’impression qu’il revenait du toilettage, tellement il était tiré à quatre épingles. Il était élégant, beau, fascinant.

    Il était très grand. Son plaisir était de se coucher sur le dos et dès qu’il nous voyait, il allongeait ses pattes avant et arrière au maximum jusqu’à ce qu’il nous entende dire : « Oh ! Qu’il est grand ! » et que nous prenions un mètre pour le mesurer.

    Il était très gentil, doux, câlin et docile. Patricia l’habillait avec des vêtements qu’elle avait quand elle était bébé. Il adorait ça. Il était joueur, coquin, très sociable. Cela ne le gênait pas d’aller rendre visite aux voisins, qui l’acceptaient bien car c’était un grand chasseur, il a dératisé tout le quartier. Un jour, Pupuce est entrée dans la maison. Nous avions des invités. Elle avait un rat dans la gueule et nous en a fait cadeau. Biquet n’a pas voulu être en reste, cinq minutes plus tard il revenait lui aussi avec le même présent. C’était le branle-bas de combat, il fallait vérifier si les petites bêtes étaient vivantes ou mortes, pour éviter qu’elles ne souffrent. Je ne compte plus le nombre de fois où nous avons remis en liberté ces pauvres créatures.

    J’ai déjà dit que Patricia aimait l’habiller. Une fois son copain déguisé, elle le déposait dans un panier, maintenait celui-ci sur le porte-bagages de son vélo et s’en allait en balade dans le quartier, notre Biquet tout heureux faisant semblant de dormir.

    Biquet était considéré comme le chef de file. Comme il s’absentait rarement, (il ne partait jamais longtemps), j’attendais qu’il soit là pour donner à manger à tout le monde, la chienne y compris. Il était gourmand mais pas voleur, il ne griffait jamais. C’était un grand ronronneur, il dormait toujours avec nous la nuit, surtout avec Patricia. Il avait dû être sevré trop tôt, et suçait tout le linge doux qu’il trouvait, il « patinait » dessus et le tétait. Quand il dormait avec Patricia, il s’attaquait à sa chemise de nuit. Il a fallu la sacrifier et la lui réserver ; c’était son « tète-suce » comme l’appelait Patricia qui était encore petite. Biquet n’est plus depuis longtemps mais le tête-suce est toujours là.

    Il aimait les humains mais aussi ses congénères, il n’était pas rare de le voir faire la toilette même des autres chats voisins, n’importe où, et jusque sur le milieu de la route. Un jour, une des chattes a attiré plusieurs chats du quartier dans le jardin, et notre Biquet qui ne comprenait rien ( il était castré) pensait que c’était pour jouer ; il s’est retrouvé sur le dos avec un copain à califourchon sur lui, lui, pensant que c’était pour jouer, l’autre le prenant pour une chatte un peu bizarre.

    Il avait deux maisons, chez nous et chez mes beaux-parents au bout du jardin. Il faisait la sieste affalé sur la poitrine de grand-père. Il était pourtant très lourd, mais on ne pouvait pas le repousser. Ce chat était une exception. Il nous suivait comme un petit chien. Quand il y avait des restes à la fin des repas, Grand-père appelait Biquet en tapant dehors avec une cuillère sur le bord d’une assiette ; notre grand chat comprenait le message et se précipitait à toute vitesse dans le fond du jardin.

    En 1978, il avait à peu près huit ans, on a remarqué qu’il avait moins d’entrain, son poil n’était pas beau. Le vétérinaire lui a fait une prise de sang, il avait un taux d’urée important, il n’y avait pas grand-chose à faire. En novembre j’ai été hospitalisée, pour un problème thyroïdien. En revenant à la maison, j’avais un beau cadeau, une belle chatte grise m’attendait, Nénette. Mais mon Biquet n’allait pas mieux. Il est parti pendant trois jours, puis il est revenu encore plus affaibli. J’ai décidé de l’emmener le soir même chez le vétérinaire, malheureusement il m’a échappé et nous ne l’avons plus revu. Il avait dû sombrer dans une sorte de coma léger pendant trois jours puis il était revenu nous dire adieu à sa façon, et a fait de même chez mes beaux-parents. Nous avons fait tout le quartier, personne ne l’avait vu. Ce fut une grande perte pour nous. Il n’a pas voulu nous montrer sa déchéance et a préféré partir, seul. Nous gardons un souvenir inoubliable de ce chat, je le répète, c’était Le Chat, qui plus est, un chat noir. Nous étions en adoration devant lui. Depuis Biquet, j’ai toujours eu un chat noir à  la maison, Patricia aussi. Comme nombre de félinophiles, j’ai un faible pour ceux dont le pelage est de velours noir avec comme seuls repères deux immenses yeux cuivrés ou verts, quand ils veulent bien nous les laisser entrevoir. Pour nous c’est un porte-bonheur. Qui allait prendre la suite ? Et bien c’est tout trouvé. Ati, la petite chatte noire qui avait élu domicile chez nous, trois ans plus tôt, et qui était très discrète. Elle a été notre compagne pendant vingt-deux ans.

    On avait surnommé Biquet « Tictic » car avec l’âge ses griffes n’étaient plus rétractiles, et quand il marchait sur le carrelage, on le reconnaissait, il faisait un petit bruit particulier.

     


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  • Mitou sauvé des eaux

     

    Dans les années 50 St Sébastien était une petite ville de huit mille habitants, en lisière de Nantes. Cela n’avait rien à voir avec Gouraya, petit village d’Algérie comptant seulement deux cent cinquante Français et autant de Musulmans. La campagne nous appartenait. La Liberté !

    Nos chiens furent enfermés et nous devions les promener en laisse. Un après-midi que nous étions avec ma mère,  ma sœur et les deux chiens en balade sur les bords de la Loire, nous entendîmes des gémissements si faibles que nous devions tendre l’oreille pour saisir d’où cela pouvait provenir. Et puis cela s’arrêtait et reprenait encore plus douloureusement. Nous étions en bordure d’un petit bras de Loire, à un endroit appelé la Becque. Evidemment les cris, très certainement un bébé chat, provenaient de l’autre côté de ce ruisseau. Pas de pont ! Ou si loin ! Il y avait, à un endroit, une sorte de gué assez tentant pour une personne téméraire comme l’était notre mère. Mais il était recouvert d’un bon petit niveau d’eau et en plus d’une sorte d’algues glissantes. Elle n’a pas hésité une seconde. Elle nous a confié les chiens qui commençaient à s’énerver et qui se mirent à pleurer dès le début de sa traversée. Arlette et moi en étions malades. Elle savait nager, pas de risque, mais nous avions peur qu’elle se casse une jambe. A l’aller tout se passa bien. Dans le champ qui bordait le ruisseau il y avait une taille de bois. Des stères avaient été entreposés là. Maman s’en approcha, guidée par les appels. Nous ne pouvions la suivre du regard, la berge étant bordée de saules. Il fallait patienter. Mais pas longtemps. On la vit revenir, les deux mains serrées contre sa poitrine. Elle avait réussi et c’était bien vivant. L’angoisse du retour. Nous ne pouvions rien faire pour l’aider, les deux chiens nous en empêchant. Elle finit par terminer son exploit et tout heureuse nous présenta Mitou, bébé noir et blanc, environ cinq semaines, pas plus, à moitié aveugle de faiblesse, maigre à ne pas décrire.

    Et c’est là que j’intervins. J’avais un bébé chat à nourrir, à sauver, à bichonner. J’étais heureuse, bien sûr. Nous l’avons sauvé. Il a grandi, grossi. Il était superbe. Il était toujours sur mes genoux, surtout quand je faisais mes devoirs. Je finissais par avoir mal aux jambes, je n’avais que douze ans et il était lourd pour moi. Mais il n’était pas question de le déranger. Je lui récitais mes leçons et je le disais aussi instruit que moi. Combien d’années l’avons-nous gardé ? Je ne m’en souviens plus. Un matin, il n’est pas venu me réveiller au lit. Le soir mon frère Jean-Claude m’annonça  qu’en allant travailler le matin en scooter, il avait vu sur la route à quelques dizaines de mètres de chez nous deux chats écrasés. Mon pauvre Mitou coureur venait de nous quitter.

    Béjar/Yvette


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  • Mitou sauvé des eaux

     

    Dans les années 50 St Sébastien était une petite ville de huit mille habitants, en lisière de Nantes. Cela n’avait rien à voir avec Gouraya, petit village d’Algérie comptant seulement deux cent cinquante Français et autant de Musulmans. La campagne nous appartenait. La Liberté !

    Nos chiens furent enfermés et nous devions les promener en laisse. Un après-midi que nous étions avec ma mère,  ma sœur et les deux chiens en balade sur les bords de la Loire, nous entendîmes des gémissements si faibles que nous devions tendre l’oreille pour saisir d’où cela pouvait provenir. Et puis cela s’arrêtait et reprenait encore plus douloureusement. Nous étions en bordure d’un petit bras de Loire, à un endroit appelé la Becque. Evidemment les cris, très certainement un bébé chat, provenaient de l’autre côté de ce ruisseau. Pas de pont ! Ou si loin ! Il y avait, à un endroit, une sorte de gué assez tentant pour une personne téméraire comme l’était notre mère. Mais il était recouvert d’un bon petit niveau d’eau et en plus d’une sorte d’algues glissantes. Elle n’a pas hésité une seconde. Elle nous a confié les chiens qui commençaient à s’énerver et qui se mirent à pleurer dès le début de sa traversée. Arlette et moi en étions malades. Elle savait nager, pas de risque, mais nous avions peur qu’elle se casse une jambe. A l’aller tout se passa bien. Dans le champ qui bordait le ruisseau il y avait une taille de bois. Des stères avaient été entreposés là. Maman s’en approcha, guidée par les appels. Nous ne pouvions la suivre du regard, la berge étant bordée de saules. Il fallait patienter. Mais pas longtemps. On la vit revenir, les deux mains serrées contre sa poitrine. Elle avait réussi et c’était bien vivant. L’angoisse du retour. Nous ne pouvions rien faire pour l’aider, les deux chiens nous en empêchant. Elle finit par terminer son exploit et tout heureuse nous présenta Mitou, bébé noir et blanc, environ cinq semaines, pas plus, à moitié aveugle de faiblesse, maigre à ne pas décrire.

    Et c’est là que j’intervins. J’avais un bébé chat à nourrir, à sauver, à bichonner. J’étais heureuse, bien sûr. Nous l’avons sauvé. Il a grandi, grossi. Il était superbe. Il était toujours sur mes genoux, surtout quand je faisais mes devoirs. Je finissais par avoir mal aux jambes, je n’avais que douze ans et il était lourd pour moi. Mais il n’était pas question de le déranger. Je lui récitais mes leçons et je le disais aussi instruit que moi. Combien d’années l’avons-nous gardé ? Je ne m’en souviens plus. Un matin, il n’est pas venu me réveiller au lit. Le soir mon frère Jean-Claude m’annonça  qu’en allant travailler le matin en scooter, il avait vu sur la route à quelques dizaines de mètres de chez nous deux chats écrasés. Mon pauvre Mitou coureur venait de nous quitter.

    Béjar/Yvette


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  • UTOPIE

     

    Amalgame des sens, enchantement.

    Je peins avec des notes de musique

    Une poésie au parfum de vent

    Et de mer sur une toile magique.

     

    Je me prends pour Fragonard ou Hugo

    Et de mes doigts jailliront des couleurs,

    Des rimes musicales, des bruits d’eau

    Des parfums envoûtants de mille fleurs ;

     

    Un tableau merveilleux et idyllique

    Où ma gomme effacera le malsain

    Les relents et cliquetis métalliques,

          Faisant de la terre un décor divin.

    Béjar/Yvette

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  • UTOPIE

     

    Amalgame des sens, enchantement.

    Je peins avec des notes de musique

    Une poésie au parfum de vent

    Et de mer sur une toile magique.

     

    Je me prends pour Fragonard ou Hugo

    Et de mes doigts jailliront des couleurs,

    Des rimes musicales, des bruits d’eau

    Des parfums envoûtants de mille fleurs ;

     

    Un tableau merveilleux et idyllique

    Où ma gomme effacera le malsain

    Les relents et cliquetis métalliques,

          Faisant de la terre un décor divin.

    Béjar/Yvette

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  • PAYS NOIR 

     

    A l’heure où un doux soleil encore engourdi

    Par les brumes de la nuit empourpre les meules

    Et les loges aux coiffes de chaume alourdi,

    La Brière sort de son vaporeux linceul.

     

    Un chaland léger glisse lentement sur l’eau,

    Jaspant la surface d’un éventail doré,

    Troublant un instant le héron dans les roseaux,

    Puis disparaît derrière des saules nacrés.

     

    Les blondes roselières ondoient sous le vent ;

    Une odeur suave de tamaris nous grise ;

    La nature déploie des charmes enivrants,

    Au fil d’une belle journée qui s’éternise.

     

    Le marais est là, envoûtant. On le respire.

    Il nous interpelle, nous fascine, charmeur.

    Mystérieux et légendaire, il nous attire

    Vers les inquiétants brouillards de ses profondeurs.

     

    Pays noir du précieux morta millénaire,

    Où chaque bruit chuchoté à la nuit tombée,

    Nous fourvoie dedans ses labyrinthes pervers,

    Et où planent de pauvres âmes égarées.

     

    Pays bleu où le soleil reflète dans l’eau,

    Pays d’eau, de lumière, pays enchanteur,

    Pays de brumes épaisses et de canaux,

    Enfin pays du retour des grands migrateurs.


    Béjar/Yvette


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  • Des mots pour le dire

     

    Ils viennent de la nuit des temps,

    Innombrables

    Qui les a semés ?

    Ils ont envahi la terre, les peuples,

    Avec des accents au goût d’eau salée,

    De montagnes arides,

    De déserts, de moissons.

     

    Qui sont-ils,

    Ces mots apaisants de la mère se penchant vers l’enfant

    Pour lui sécher les larmes,

    Attendant le premier mot qu’il lui ânonnera,

    Les mots écorchés, pleurés,

    Criés par caprice.

    Les suites de mots appris par cœur sur les bancs de l’école,

    Lus dans les livres de classe,

     

    Les mots que l’on garde en soi

    Attendant le moment pour les dire,

    Ces mots tendres, ces mots d’amour

    Ces mots attendus par l’enfant,

    Prononcés par la femme

    Dans les bras de celui qu’elle aime

     

    Où vont-ils ces mots ?

    Quand ils courent, volent, s’enflamment,

    Riment sous la plume du poète,

    Quand ils chantent par-dessus les frontières.

    Ces mots colorés du rouge sang de la guerre,

    Du noir de la colère et de la misère.

     

    Ces mots délivrés dans les messages d’amour et de paix.

    Ces mots pour faire triompher du mal, du faux,

    Stimuler les cœurs,

    Et donner à la vie une lueur d’espoir.

     

    S’arrêteront-ils un jour ces mots ?

    Celui qui, sur son lit d’agonie,

    Cherche en vain à retenir la vie,

    Aura-t-il le dernier mot ?

    Béjar/Yvette


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