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Par Yvette44 le 2 Mars 2010 à 07:04
Mare medi terraDites, vous souvient-il, cher frère, chère sœur,
De ce tapis d’azur aux vagues fascinantes
Qui déployaient sans fin, avec d’incessants heurts,
Les innocents galets et les algues flottantes ?
Dites, vous en souvient-il de cette onde bleue,
A fleur de sel, et son éternel clapotis,
Bruissant et chuintant sur les lourds fonds sableux,
Saturés de mille légendes englouties ?
Vous en souvient-il encor de l’odeur iodée,
Du goémon fin déraciné des rochers,
Et échelonné en longs rubans torsadés,
Sur les plages brûlantes de galets jonchées ?
Tantôt calme sous Zéphyr, tantôt agitée
Sous Notos, il exhalait de ses profondeurs ,
Et de son grand manteau écumant et bleuté
De longs soupirs ensorcelants et enjôleurs.
Son pudique reflux, éternelle Thétys,
Psalmodiait inlassablement des litanies,
Couvertes d’écume à reflets myosotis,
Au creux des criques, telle une lente agonie.
Près d’elle, nous étions les enfants du soleil,
Loin d’elle, nous sommes les dauphins de l’exil,
Bannis, un murex nacré collé à l’oreille,
En compensation d’un sonotone aquatil.
Vous souvient-il enfin de ses vagues jetées
En gerbes blanches sur le vieux môle glissant,
Sur ses îlots perdus dans son immensité ?
Mais peut-être avons-nous rêvé en vieillissant ?
Yvette
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Par Yvette44 le 5 Février 2010 à 07:39
Evasion nocturne
Sur la route sinueuse que le soleil,
Au zénith, inonde d’une lumière bleue
Déambule mon rêve en mon profond sommeil,
Au portillon de mes souvenirs nébuleux.
Mes yeux s’abreuvant de ces couleurs hors du temps,
Je hume cette terre aux odeurs généreuses.
La glèbe craquelée de chaleur m’invitant,
A me séparer de cette paroi rêveuse.
Mes yeux clignent aux tableaux de mes souvenances,
La crainte et la désillusion auront raison
Finalement au théâtre de ma démence,
De ce charme grisant en sa morne prison.
Quand l’aube renaîtra, mon rêve chiffonné
Sorti de la tourmente, mon cœur libéré
Absoudra cette terre berbère des années
Insouciantes de mon enfance évaporée.
Pourquoi faut-il qu’après de si longues années,
Soupire mon cœur au pays des Amazighes ?
Ma source.
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Par Yvette44 le 19 Janvier 2010 à 07:29
Au jardin de ma Loire,
Au jardin de ma Loire,
J’ai vu les blonds roseauxCourbés sur le miroir
Argenté de son eau !
Aux jardins ligériens
J’ai fait le troubadour
J’ai écrit des quatrains
J’ai chanté ses amours.
Les amours de la duchesse Anne,
Pour son beau pays bas-breton,
Nantes et ses gabarres qui flânent,
Saluant bien bas les vieux ponts.
De sa source au grand océan,
Entre ses rives et coteaux,
Elle file oubliant le temps
L’homme et ses terribles assauts.
J'ai écrit ces quelques vers pour ceux qui comme moi
aiment ce Fleuve Royal mais aussi pour les autres,
les amoureux de la nature.
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Par Yvette44 le 2 Décembre 2009 à 08:02
La vieille rue
Petite rue du temps passé,
Aux vieilles demeures discrètes et tassées,
Au charme désuet, témoin d’un autre temps,
Pleine de beaux souvenirs au charme d’antan,
Petite rue fraîche et fleurie,
Aux murs de pierre incitant à la rêverie,
Recouverts de vigne vierge dorée, de lierre
Et de glycine moirée de bleu et de vert,
Petite rue énigmatique,
Aux maisons récentes à volets de plastique,
Hésitant entre le passé et le présent,
Tableau paradoxal mais combien séduisant,
Petite rue mystique et pure,
Tu caches pieusement derrière tes vieux murs,
Une petite chapelle pailletée d’or,
Par un soleil en émoi devant ce décor.
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Par Yvette44 le 16 Septembre 2009 à 07:45
L’été s’en vient …Vous voici revenus
Ô, jours tant attendus !
Soleil radieux de juin !
Eclat arachnéen!
Lumineuse saison,
Ardente floraison.
Les épis de blé blond
En juillet muriront
Exhalant en douceur
Leur enjoleuse odeur.
Et août transformera
Avec maestria
Ce transparent azur,
En douce enluminure.
Puis l’été s’en ira,
Nous laissant cette aura
Augurant un automne
Qui patiemment fredonne.
… l’été s’en va.
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Par Yvette44 le 11 Septembre 2009 à 07:57
Ambroisie.
Je suis cette eau qui coule et qui n’en finit pas,Tour à tour légère, turbulente ou volage,
Dévalant des gaves que rien ne tarira,
Et des cascades fumeuses aux blancs voilages.
Je suis cette eau qui fut honorée par les dieux,
Célébrée par Amphitrite sur son dauphin,
Voguant sur le grand fleuve qui rejoint les cieux,
Bercée par Zéphir et Notos jusqu’au matin,
En furie sous l’emprise de Poséidon
Et Eole contre le fils du roi d’Ithaque,
Etale au doux son de la lyre d’Apollon
Et portant secours au valeureux Télémaque.
Quand tu sautilles, les pieds nus dans mes ruisseaux,
Tu es Galatée ou Nausicaa la Blonde.
Je suis l’eau rouge qui ruisselle en tes vaisseaux
Et les larmes non retenues sur tes joues rondes.
Et vois-tu , si tu sais m’aimer comme je t’aime,
Je me métamorphoserai en Ambroisie,
Nectar divin, et poserai un diadème
Sur ton front digne des Déesses d’Olympie.
Yvette
Je suis obnubilée par le gaspillage de l'eau!
Ca doit transparaître dans mes écrits!
J'ai écrit ce poème il y a plusieurs années
et je l'avais oublié!
- Dans la mythologie grecque, l'ambroisie est une substance divine, principalement la nourriture des dieux (cet aliment leur procurait l'immortalité);
- L'ambroisie est également un genre de plantes de la famille des Astéracées.
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Par Yvette44 le 19 Août 2009 à 08:03
Histoire d’eau.
Mais qui suis-je pour avoir été vénérée jadis ?
Que suis-je donc devenue pour qu’on me profane ainsi ?
Et pourtant que serait sans moi votre vie ?
Moi qui vous aime tant et qui vous ai offert mon lit !
Moi qui ai tout accepté de vous, j’en frémis!
Vous qui m’avez domptée sans que je m’écrie !
Mon parcours retracé, je n’ai rien dit !
Vos barrages, vos écluses, je ne vous ai pas maudits !
Mais votre pollution, là je n’en peux plus, je suis trahie!
Comment pouvez-vous rester impassible devant mon agonie ?
Mais souvenez-vous ! Souvenez-vous ! Je vous en supplie !
Quand vous avez flâné sur mes berges fleuries?
Quand vous avez vu les troupeaux se désaltérer dans mon eau alanguie ?
Quand vous avez baigné dans mon onde fraîche vos pieds meurtris?
Quand vous avez entendu, sur la coque des barques, mon doux clapotis?
Et mon exhalaison à la tombée du jour, l’avez-vous sentie ?
Mes saules, mes roselières, mes hérons, tout est encore poésie.
Hélas ! Que ferez-vous quand ma source sera tarie ?
Allez-vous m’abandonner comme toi Amphitrite et toi Arthémis ?
Qu’ai-je fait pour ainsi être punie ?
De grâce, agissez ! Sauvez-moi et préservez-vous aussi !
Yvette
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Par Yvette44 le 22 Juin 2009 à 17:24
Le chêne peint par Courbet.
Un chef-d'oeuvre !
Notre vieux chêne.
Il nous est apparu un jour d’hiver, bien seul,Mais majestueux au milieu de son grand champ.
L’envie nous saisit de protéger cet aïeul
Ce géant au tronc rugueux et aux bras puissants.
Nous avons construit notre vie autour de lui,
L’accompagnant, fraternels, au fil des saisons
Et souffrant avec lui quand la neige et la pluie
Et le vent fracassent ses branches sans raison.
Avril nous ravit à l’éclat de ses bourgeons
Mordorés et doux comme de la soie, parant
D’une auréole délicate son fronton,
Prémices d’un renouveau encore hésitant.
Et alors, quand le vert triomphe en sa feuillée,
Quand l’ombre translucide s’étale en dentelle
Sur la mousse moelleuse et fraîche de juillet,
Nous savourons cette plénitude immortelle
Puis brusquement notre vieil ami se déchaîne.
C’est une explosion de feuilles ocres et rousses
Qu’il libèrera une à une de leurs chaînes
Vers le ciel, futures astres de la Grande Ours.
La morte saison ravine l’écorce rude
De notre vénérable, tordant ses rameaux,
Le rendant vulnérable dans la solitude
De l’hiver gris, privé de ses doux oripeaux.
Mais ne nous y trompons pas. Quand tombe la nuit
Et que la lune se nimbe d’un halo gris,
Une dryade entame sur l’herbe qui luit
Une danse complice empreinte de magie.
Des lutins farceurs, trébuchant sur ses racines,
L’encerclent, joyeux, le réchauffant de leurs rires
Enfantins et cristallins comme des clarines
Qui l’ensorcellent afin de mieux l’endormir.
A son réveil, sa force se décuplera,
Ses bras enfin dressés vers le ciel et ses pieds
Bien en terre, c’est lui qui nous protègera,
Paternel, des malveillances du monde entier.
Yvette
C'est l'histoire toute simple et véridique
du grand chêne plus que centenaire
qui vit toujours à Arthon chez notre fille.
C'est lui qui nous a attirés
quand nous avons acheté le terrain.
Il était seul mais si beau!
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Par Yvette44 le 17 Mai 2009 à 08:59
La vieille ferme
Je vous raconte l'histoire d'une vieille ferme
La ferme des ancêtres de mon mari.,
en Bretagne, à Plogastel Saint Germain
Il ne l'a pas connue.
Il y a 2 ans, nous avons appris par une parente éloignée
qu'elle existait encore.
Nous y sommes allées aussitôt
Avec mon mari, ma fille et ses 2 enfants.
Nous avons trouvé une bâtisse toute délabrée, faisant pitié à voir.
Nous avons pris des photos et nous sommes rentrés, tristes.
Un moi plus tard, nous avons appris qu'elle avait été démolie!!!
C'était un appel au secours qu'elle nous avait lancé.
Nous avons tous au fond de notre coeur énormément de tristesse.
J'ai pris la parole pour elle.
N’y aura-t-il donc personne pour me saluer,
pour me dire adieu ?Je vais mourir sans un regard,
abandonnée que je suis depuis tant d’années.Plus de rires d’enfants depuis si longtemps,
plus de sabots ni galoches,
plus de chevaux ni de charrue,
plus de chansons ni de comptines
dans la langue de ce pays si beau.
Je vais partir, avec dans mon cœur une multitude de souvenirs
que j’aurais tant aimé raconter.
Des mariages furent fêtés dans ma cour !
des naissances, oh oui ! j’en ai vu des bambins
qui couraient préférant les champs à l’école,
où l’on apprenait une autre langue
que celle parlée sous mon toit.
Et puis j’ai assisté tristement à des grands départs aussi
Pour la guerre ou pour le cimetière.
Des cris, des larmes, de la sueur.
La sueur des femmes et des vieux prenant
le relais quand la guerre faisait rage sur le front.
Je vais partir avec mes secrets.
Dommage, j’avais tant de choses à raconter.
Yvette
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Par Yvette44 le 28 Avril 2009 à 10:12
L’ajonc et le genêtConnais-tu le pays ou pousse l’ajonc d’or ?
Connais-tu le pays où pousse le genêt ?
L’un a protégé de pics son robuste corps,
L’autre se balance fragile et mignonnet.
Ils fleurissent le rude pays d’Armorique,
L’un en touffes drues symbolisant l’homme fort
Besognant durement dans ces contrées celtiques,
Et avec la glèbe et l’océan faisant corps.
L’autre en tiges harmonieuses se balance,
Sur la lande comme ces courageuses femmes,
Courbées sur la terre avec cette douce aisance,
Et cachant au fond de leur cœur de chaudes larmes.
L’ajonc et le genêt, tous deux d’or vêtus
Fleurissent la Bretagne, sous un ciel écru.
Yvette
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