• mediterranee1

    Mare medi terra

     

    Dites, vous souvient-il, cher frère, chère sœur,

    De ce tapis d’azur aux vagues fascinantes

    Qui déployaient sans fin, avec d’incessants heurts,

    Les innocents galets et les algues flottantes ?

     

    Dites, vous en souvient-il de cette onde bleue,

    A fleur de sel, et son éternel clapotis,

    Bruissant et chuintant  sur les lourds fonds sableux,

    Saturés de mille légendes englouties ?

     

    Vous en souvient-il encor de l’odeur iodée,

    Du goémon fin déraciné des rochers,

    Et échelonné en longs rubans torsadés,

    Sur les plages brûlantes de galets jonchées ?

     

    Tantôt calme sous  Zéphyr, tantôt agitée

    Sous Notos, il exhalait de ses profondeurs ,

    Et  de son grand manteau écumant  et bleuté

    De longs soupirs ensorcelants et enjôleurs.

     

    Son pudique reflux, éternelle Thétys,

    Psalmodiait inlassablement des litanies,

    Couvertes d’écume à reflets myosotis,

    Au creux des criques, telle une lente agonie.

     

     Près d’elle, nous étions les enfants du soleil,

    Loin d’elle, nous sommes les dauphins de l’exil,

    Bannis, un murex nacré collé à l’oreille,

    En compensation d’un sonotone aquatil.

     

    Vous souvient-il enfin de ses vagues jetées

    En gerbes blanches sur le vieux môle glissant,

    Sur ses îlots perdus dans son immensité ?

    Mais peut-être avons-nous rêvé en vieillissant ?


    Yvette 


    18 commentaires

  • Evasion nocturne

     

    Sur la route sinueuse que le soleil,

    Au zénith, inonde  d’une lumière bleue

    Déambule  mon rêve en mon profond sommeil,

    Au portillon de mes souvenirs nébuleux.

     

    Mes yeux s’abreuvant de ces couleurs hors du temps,

    Je hume cette terre aux odeurs généreuses.

    La glèbe  craquelée de chaleur m’invitant,

    A me séparer de cette paroi rêveuse.

     

    Mes yeux clignent aux tableaux de mes souvenances,

    La crainte et  la désillusion auront raison

    Finalement  au théâtre de ma démence,

    De ce charme grisant en sa morne prison.

     

    Quand l’aube renaîtra, mon rêve chiffonné

    Sorti  de la tourmente, mon cœur  libéré

    Absoudra cette terre berbère  des années

    Insouciantes de  mon enfance   évaporée.

     

    Pourquoi faut-il qu’après de si longues années,

    Soupire  mon cœur au pays des Amazighes ?

    Ma source.




    18 commentaires
  •   00818-haute-indre.jpg

    Au jardin de ma Loire,


    Au jardin de ma Loire,
    J’ai vu les blonds roseaux

    Courbés sur le miroir

    Argenté de son eau !

     

    Aux jardins ligériens

    J’ai fait le troubadour

    J’ai écrit des quatrains

    J’ai chanté ses amours.

     

    Les amours de la duchesse Anne,

    Pour son beau pays bas-breton,

    Nantes et ses gabarres qui flânent,

    Saluant bien bas  les vieux  ponts.

     

    De sa source au grand océan,

    Entre ses rives et coteaux,

    Elle file oubliant le temps

    L’homme et ses terribles assauts.



    J'ai écrit ces quelques vers pour ceux qui comme moi
    aiment ce Fleuve Royal mais aussi pour les autres,
    les amoureux de la nature.


    34 commentaires
  • La vieille rue

     

     

    Petite rue du temps passé,

    Aux vieilles demeures discrètes et tassées,

    Au charme désuet, témoin d’un autre temps,

    Pleine de beaux souvenirs au charme d’antan,

     

    Petite rue fraîche et fleurie,

    Aux murs de pierre incitant à la rêverie,

    Recouverts de vigne vierge dorée, de lierre

    Et de glycine moirée de bleu et de vert,

     

    Petite rue énigmatique,

    Aux maisons récentes à volets de plastique,

    Hésitant entre le passé et le présent,

    Tableau paradoxal mais combien séduisant,

     

    Petite rue mystique et pure,

    Tu caches pieusement derrière tes vieux murs,

    Une petite chapelle pailletée d’or,

    Par un soleil en émoi devant ce décor.



    8 commentaires


  • L’été s’en vient …

     

    Vous voici revenus 

              Ô, jours tant attendus !

    Soleil radieux de juin !

              Eclat arachnéen!

    Lumineuse saison,

              Ardente floraison.

    Les épis  de blé blond

              En juillet muriront

    Exhalant en douceur

              Leur enjoleuse odeur.

    Et août transformera

              Avec maestria

    Ce transparent azur,

             En douce enluminure.

    Puis l’été s’en ira,

              Nous laissant cette aura

    Augurant un automne

              Qui patiemment  fredonne.

     

                                           …  l’été s’en va.     

     


    20 commentaires
  •  

     

    Ambroisie.

    Je suis cette eau qui coule et qui n’en finit pas,

    Tour à tour légère, turbulente ou volage,

    Dévalant des gaves que rien ne tarira,

    Et des cascades fumeuses aux blancs voilages.

     

    Je suis cette eau qui fut honorée par les dieux,

    Célébrée par Amphitrite sur son dauphin,

    Voguant sur le grand fleuve qui rejoint les cieux,

    Bercée par Zéphir et Notos jusqu’au matin,

     

    En furie sous l’emprise de Poséidon

    Et Eole contre le fils du roi d’Ithaque,

    Etale au doux son de la lyre  d’Apollon

    Et portant secours au valeureux Télémaque.

     

    Quand tu sautilles, les pieds nus dans mes ruisseaux,

    Tu es Galatée ou Nausicaa la Blonde.

    Je suis l’eau rouge qui ruisselle en tes vaisseaux

    Et les larmes non retenues sur tes joues rondes.

     

    Et vois-tu , si tu sais m’aimer comme je t’aime,

    Je me métamorphoserai en Ambroisie,

    Nectar divin, et poserai un diadème

    Sur ton front digne des Déesses d’Olympie. 

     

                                 Yvette

    Je suis obnubilée par le gaspillage de l'eau!
    Ca doit transparaître dans mes écrits!
    J'ai écrit ce poème il y a plusieurs années
    et je l'avais oublié!


    • Dans la mythologie grecque, l'ambroisie est une substance divine, principalement la nourriture des dieux (cet aliment leur procurait l'immortalité);
    • L'ambroisie est également un genre de plantes de la famille des Astéracées.

    21 commentaires
  •  

     

    Histoire d’eau.

     

    Mais qui suis-je  pour avoir été vénérée  jadis ?

    Que suis-je  donc devenue pour qu’on me profane ainsi ?

    Et pourtant que serait sans moi votre vie ?

    Moi qui vous aime tant et qui vous ai offert mon lit !

    Moi qui ai tout accepté de vous, j’en frémis!

    Vous qui m’avez domptée sans que je m’écrie !

    Mon parcours retracé, je n’ai rien dit !

    Vos barrages, vos écluses, je ne vous ai pas maudits !

    Mais votre pollution, là je n’en peux plus, je suis trahie!

    Comment pouvez-vous rester impassible devant mon agonie ?

    Mais souvenez-vous ! Souvenez-vous ! Je vous en supplie !

    Quand vous avez  flâné sur mes berges fleuries?

    Quand vous avez vu les troupeaux se désaltérer dans mon eau alanguie ?

    Quand vous avez baigné dans mon onde fraîche  vos pieds meurtris?

    Quand vous avez entendu, sur la coque des barques, mon doux clapotis?

    Et mon exhalaison à la tombée du jour, l’avez-vous sentie ?

    Mes saules, mes roselières,  mes hérons, tout est encore poésie.

    Hélas ! Que ferez-vous quand ma source sera tarie ?

    Allez-vous m’abandonner comme toi Amphitrite et toi Arthémis ?

    Qu’ai-je fait pour ainsi être punie ?

    De grâce,  agissez ! Sauvez-moi et préservez-vous aussi !

     

    Yvette


    23 commentaires
  • Le chêne peint par Courbet.
    Un chef-d'oeuvre !

    Notre vieux chêne.

    Il nous est apparu un jour d’hiver, bien seul,

    Mais majestueux au milieu de son grand champ.

    L’envie nous saisit de protéger cet aïeul

    Ce géant au tronc rugueux et aux bras puissants.

     

    Nous avons construit notre vie autour de lui,

    L’accompagnant, fraternels, au fil des saisons

    Et souffrant avec lui quand la neige et la pluie

    Et le vent fracassent ses branches sans raison.

     

    Avril nous ravit à l’éclat de ses bourgeons

    Mordorés et doux comme de la soie, parant

    D’une auréole délicate son fronton,

    Prémices d’un renouveau encore hésitant.

     

    Et alors, quand le vert triomphe en sa feuillée,

    Quand l’ombre translucide s’étale en dentelle

    Sur la mousse moelleuse et fraîche de juillet,

    Nous savourons cette plénitude immortelle

     

    Puis brusquement notre vieil ami se déchaîne.

    C’est une explosion de feuilles ocres et rousses

    Qu’il libèrera une à une de leurs chaînes

    Vers le ciel, futures astres de la Grande Ours.

     

     

    La morte saison ravine l’écorce rude

    De notre vénérable, tordant ses rameaux,

    Le rendant vulnérable dans la solitude

    De l’hiver gris, privé de ses doux oripeaux.

     

    Mais ne nous y trompons pas. Quand tombe la nuit

    Et que la lune se nimbe d’un halo gris,

    Une dryade entame sur l’herbe qui luit

    Une danse complice empreinte de magie.

     

    Des lutins farceurs, trébuchant sur ses racines,

    L’encerclent, joyeux, le réchauffant de leurs rires

    Enfantins et cristallins comme des clarines

    Qui l’ensorcellent afin de mieux l’endormir.

     

    A son réveil, sa force se décuplera,

    Ses bras enfin dressés vers le ciel et ses pieds

    Bien en terre, c’est lui qui nous protègera,

    Paternel, des malveillances du monde entier.

     

    Yvette 

    C'est l'histoire toute simple et véridique
    du grand chêne plus que centenaire
    qui vit toujours à Arthon chez notre fille.
    C'est lui qui nous a attirés
    quand nous avons acheté le terrain.
    Il était seul mais si beau!


    18 commentaires
  • La vieille ferme 



    Je vous raconte l'histoire d'une vieille ferme
    La ferme des ancêtres de mon mari.,
    en Bretagne, à Plogastel Saint Germain
    Il ne l'a pas connue.
    Il y a 2 ans, nous avons  appris par une parente éloignée
    qu'elle existait encore.
    Nous y sommes allées aussitôt
    Avec mon mari, ma fille et ses 2 enfants.
    Nous avons trouvé une bâtisse toute délabrée, faisant pitié à voir.
    Nous avons pris des photos et nous sommes rentrés, tristes.
    Un moi plus tard, nous avons appris qu'elle avait été démolie!!!
    C'était un appel au secours qu'elle nous avait lancé.
    Nous avons tous au fond de notre coeur énormément de tristesse.
    J'ai pris la parole pour elle.

    N’y aura-t-il donc personne pour me saluer,
    pour me dire adieu ?

    Je vais mourir sans un regard,
    abandonnée que je suis depuis tant d’années.

    Plus de rires d’enfants depuis si longtemps,

    plus de sabots ni galoches,

    plus de chevaux ni de charrue,

    plus de chansons ni de comptines

    dans la langue de ce pays si beau.

    Je vais partir, avec dans mon cœur une multitude de souvenirs

    que j’aurais tant aimé raconter.

    Des mariages furent fêtés dans ma cour !

    des naissances, oh oui ! j’en ai vu des bambins

    qui couraient préférant les champs à l’école,

    où l’on apprenait une autre langue

    que celle parlée sous mon toit.

    Et puis j’ai assisté tristement à des grands départs aussi

    Pour la guerre ou pour le cimetière.

    Des cris, des larmes, de la sueur.

    La sueur des femmes et des vieux prenant

    le relais quand la guerre faisait rage sur le front.

    Je vais partir avec mes secrets.

    Dommage, j’avais tant de choses à raconter.

    Yvette 


    17 commentaires








  • L’ajonc et le genêt

     

    Connais-tu le pays ou pousse l’ajonc d’or ?

    Connais-tu le pays où pousse le genêt ?

    L’un a protégé de pics son robuste corps,

    L’autre  se balance fragile et mignonnet.

     

    Ils fleurissent le rude pays d’Armorique,

    L’un en touffes drues symbolisant  l’homme fort

    Besognant durement dans ces contrées celtiques,

    Et avec la glèbe  et  l’océan faisant corps.

     

    L’autre en tiges harmonieuses se balance,

    Sur la lande comme ces courageuses femmes,

    Courbées sur la terre avec cette douce aisance,

    Et cachant au fond de leur cœur de chaudes larmes.

     

    L’ajonc et le genêt, tous deux d’or vêtus

    Fleurissent la Bretagne,  sous un ciel écru.

    Yvette
     
        


    12 commentaires


    Suivre le flux RSS des articles de cette rubrique
    Suivre le flux RSS des commentaires de cette rubrique