• Les Yaouleds

    Un passage de mes écrits sur l’Algérie

     

    Les petits Yaouleds


     …. et puis il y avait aussi les petits "Yaouleds".

     

    Les yaouleds, qui étaient-ils ?  En faisant mes recherches, j’ai découvert l’origine du mot « yaouled ». C’est un mot qui, en fait, est composé de deux autres mots» : « Ya » qui est une interjection mais qui peut aussi dire «viens » et le deuxième mot « ouled » qui veut dire « enfant ». Ainsi « ya ouled !» qui servait à héler un enfant est devenu « yaouled ». Les Européens avaient pour habitude d’appeler de cette manière les jeunes enfants qui leur servaient de commissionnaires, de « grooms ». Et ils étaient légions ces petits yaouleds aux alentours des gares, des ports tels qu’Alger, des restaurants, des marchés. Ils étaient partout. Toujours prêts à cirer les chaussures, à porter une valise ou les couffins pleins de victuailles des femmes. Ils flairaient les étrangers qui étaient pour eux des clients de choix. Ils tournaient autour d’eux, toujours en sautillant, riant, criant, paraissant heureux de leur sort. Leurs vêtements en loques  ne plaidaient pas toujours en leur faveur, mais leur bonne humeur, leurs plaisanteries, leurs drôleries effaçaient toute première impression négative.

    Ils étaient pourvus d’une grande patience, d’une grande persévérance et surtout d’une grande philosophie : il le fallait car ils se faisaient souvent rejeter. Ils avaient l’habitude de se contenter de peu. Mais moi cela me gênait. Je n’aimais pas les voir tourner autour de nous. J’avais une impression de mauvaise conscience. Ils étaient de notre âge. Nous, nous étions toujours « tirées à quatre épingles », quand nous étions enfants, et la pauvreté autour de moi me dérangeait. Ce n’était pas le « spectacle » de ces  enfants ou de ces gens en hardes qui me contrariait, c’était cette misère qui nous côtoyait contre laquelle nous ne pouvions rien. Ne rien pouvoir faire ! Maman donnait toujours une pièce. Elle nous avait appris à partager, mais pouvions-nous partager avec tous les malheureux ? Il était très courant de voir des indigènes mendier dans les rues, et toujours je quémandais une pièce pour la donner à ces gens. Notre mère nous en donnait une à chacune et nous allions, la conscience tranquille, déposer notre obole  dans la main du pauvre.
             Et à Alger, comme dans toutes les villes d’Algérie, il y avait des petits yaouleds. Je crois que ce mot s’est vulgarisé et que l’on appelait « yaouled » tous les  jeunes garçons arabes qui couraient dans les rues.

     


  • Commentaires

    1
    Lundi 12 Mai 2008 à 14:44

    Notre mère nous a toujours habitués à tendre la main à l'autre. Mais je me suis entendue dire qu'il était plus difficile de recevoir que de donner, et c'est vrai!

    2
    Samedi 17 Mai 2008 à 14:51
    Merci Mohamed. Je suis vraiment très heureuse que vous m'ayez envoyé ce message. Oui tous ces souvenirs sont très touchants. Le boulanger je ne l'ai pas connu mais il devait s'appeler Perriago. A mon époque 6 ans plus tô c'était les Guilhem. Je vous envoie un mail sans plus tarder  Yvette
    3
    Kherchache Mohamed
    Mardi 9 Octobre 2012 à 12:47
    "Nul ne guérit de son enfance"J.Ferrat. La place fleurie et le garde champêtre qui nous avait à oeil en cas de bêtises.En 1958,on jouait souvent avec nos petits copains pieds noirs.L'odeur du pain cuit au feu de bois de Perlliagod(je ne sais pas si c'est bien écrit).Je tourne en boucle ces images.Le port,le gout de la sardine grillée.Merci pour ce blog
    4
    clothylde
    Mardi 9 Octobre 2012 à 12:47
    il y aurait beaucoup à dire sur la charité, la bonne conscience etc... une tranche de vie, émouvante, comme tout ce qui rappelle l'enfance !
    Suivre le flux RSS des commentaires


    Ajouter un commentaire

    Nom / Pseudo :

    E-mail (facultatif) :

    Site Web (facultatif) :

    Commentaire :