• Ati, petite chatte noire

    Photo scannée


    Ati,
    la doyenne. Petite Chatte toute noire

     

     

    On dit : Qui pignoche, vivoche. Eh bien ! Voilà Ati. Vingt-et un ans près de nous, vingt-et-un ans de soins. Oui je dis bien, elle a vécu jusqu'à vingt deux ans!

    Déjà quand nous l’avons vue pour la première fois à la SPA, en décembre 1975, où nous allions toutes les semaines Patricia et moi, rendre visite et gâter un peu tous ces malheureux, nous savions que nous aurions beaucoup à faire pour cette petite chatte. Elle était si menue, maigre ; elle passait par les plus petits interstices de l’enclos, et allait rendre visite aux chiens. Mais le pire, elle était déhanchée. Elle nous suivait partout dans les locaux de la SPA, mais le plus émouvant, c’est qu’elle s’était glissée sous mon grand manteau et commençait à grimper le long de mon pantalon. Ce n’était pas un bébé pourtant, mais elle voulait que nous l'emmenions. Patricia pleurait, elle voulait que nous l’adoptions. Comment faire ? Nous n’avions pas de panier et un chat de plus à la maison, il n’en était pas question. Tant pis, on a tenté le coup. Et voilà, notre petite bête qui nous a suivies en clopinant dans tout le refuge jusqu’au bureau. Elle nous avait choisies, nous ne pouvions pas la laisser. Elle a fait le trajet dans un carton dans la voiture. L’aventure commençait. Le soir même, la chatte était prostrée, fiévreuse. Elle avait un abcès à la patte. Ensuite, des problèmes intestinaux et pour clore le tout, la teigne. Pauvre petite misère !

    Donc, antibiotiques et traitement pendant quatre semaines contre la teigne. Un vrai calvaire pour cette petite chatte minuscule. Elle faisait pitié. Du fait de sa maigreur, son déhanchement paraissait beaucoup, mais avec une bonne nourriture cela s’atténuerait.
              Elle nous en a fait voir de toutes les couleurs durant ces vingt-deux années. D’abord pour sa teigne, elle s’est sauvée de chez le vétérinaire. Elle avait réussi à sortir du panier et rentrer dans un jardin où il y avait des chiens et il commençait à faire nuit. Heureusement, on lui avait appris à répondre au sifflet, si bien qu’on l’a retrouvée sur un toit.
              Le traitement fini, tout allait bien, mais elle s’est trouvée un copain et voilà notre petite bête enceinte. Impossible d’accoucher, il a fallu l’intervention du vétérinaire. Nous avons fini par décider de la faire opérer pour que ce problème ne se reproduise plus. C’était au printemps 1976, cela faisait à peine six mois que nous l’avions.

    Près de chez nous, il y avait un terrain sur lequel un voisin avait entreposé des planches d’échafaudages. C’était branlant et elle avait l’habitude d’y aller. Et comme cadeau de début d’année, le 2 janvier 1977, elle réussit à rentrer à la maison, à sauter sur la table, y laisser des traces de sang, avec une patte cassée, fracture ouverte. Vétérinaire de garde de l’autre côté de la ville, opération un dimanche, facture importante, mais tant pis. Notre Louloute s’est retrouvée avec une broche qu’elle a gardée toute sa vie. Vers la fin de son existence, avec le retrait des os et des chairs, on sentait facilement la tige de métal. On l’appelait la Dame de fer.

    Mais tout n’était pas fini pour elle. Je continue. Ses poils tombaient, elle finissait par se retrouver presque nue. Donc, traitement. Tous les 6 mois elle avait une piqûre, puis cela devenait plus fréquent, et ce genre d’eczéma fut remplacé par un œdème pulmonaire. Quand elle avait des crises, elle allait se cacher dans la vigne plus loin, et on avait de la peine à la retrouver. On l’a emmenée trois fois en urgence et mise sous oxygène, et toujours chez un vétérinaire de garde. Donc, toujours sous Lasilix, le remède miracle qu’elle prenait sans difficulté. Il lui fallait beaucoup de calme et dès que cela allait mieux elle savait nous le faire savoir en ronronnant, ce qu’il ne fallait surtout pas, car elle étouffait. Donc beaucoup de calme.

    Et puis on a connu la période constipation, dès qu’elle vomissait, on savait ce que cela voulait dire, un suppositoire Microlax bébé ! Elle se laissait faire, nous utilisions le terme «tire-bouchonner». On ne pouvait pas s’absenter plus de trois jours, car il y avait ce fameux suppositoire.

    Tous les étés je me disais : il fait trop chaud, elle ne passera pas l’été.

    Tous les hivers elle toussait et je pensais : elle ne passera pas l’hiver.

    Je n’ai pas compté le nombre de fois, où nous l’avons cru perdue. Patricia me disait qu’elle avait la peau dure et qu’elle s’en sortirait et c’était vrai. Elle a choisi de nous quitter quand je suis moi-même tombée malade. Un soir, elle s’est éteinte tout doucement sur mon lit, avec sérénité, une patte dans ma main. Elle ne voulait plus être une charge pour moi. C’était vraiment une copine pour moi. Elle m’a accompagnée si longtemps et était un exemple de résistance, elle voulait vivre.

    Quand elle avait ses crises d’asthme, elle ne mangeait plus du tout tant elle était épuisée. Il fallait la nourrir à la seringue, avec du foie cru râpé et surtout de la rate. Et elle repartait pour une nouvelle vie.

    Ati était une petite chatte très douce mais sachant se faire respecter. Elle ne se gênait pas pour cracher sur celui ou celle qui lui manquait de respect. Quand un jeune chat arrivait à la maison, il fallait l’éduquer, c’était elle qui s’en chargeait. Elle cédait sa place à une autre s’il y avait une autre chatte, sinon c’était elle qui prenait cette responsabilité.

    Vers la fin de ses jours, la pauvre n’avait plus de forme : son déhanchement s’était accentué, sa broche formait une protubérance à l’épaule, et puis les rhumatismes, l’arthrose la forçaient à se coucher toujours du même côté si bien qu’elle marchait en «demi-cercle» tout en clopinant. C’était un vieillard. On l’aurait facilement vue avec une canne. Nous plaisantions quand  nous la voyions marcher devant nous, mais ça ne la dérangeait pas le moins du monde : elle était heureuse comme ça.

    L’hiver ma vieille chatte adorait dormir sur le radiateur du salon. C’était bien confortable, mais quand-même un peu haut pour elle. Elle arrivait à l’atteindre en passant par le canapé. Sur ses vieux jours elle perdait souvent l’équilibre, et si elle avait le malheur de faire une toilette un peu poussée, alors elle se cassait la figure. Il a fallu que je dispose deux chaises recouvertes de coussin devant le radiateur afin d’amortir la chute. Par la suite, elle s’est contentée de cette installation plus accessible et toujours près d’une source de chaleur. Là encore j’ai été obligée de déposer des coussins par-terre pour éviter qu’elle ne se fasse mal en tombant.

    Il y avait une espèce de complicité entre nous deux, nous nous comprenions parfaitement. Un regard et cela suffisait. Elle avait sa place sur mes genoux le soir devant la télé. C’était une très grande ronronneuse. Le meilleur moyen pour savoir si elle allait bien c’était de la regarder, si elle ronronnait aussitôt, c’était bon signe. Elle a eu beaucoup de misère, mais elle avait une volonté de fer de s’en sortir. En fait elle ne se laissait jamais abattre.

    J’ai eu beaucoup de chats autour de moi, mais cette petite misère a vraiment marqué mon existence, surtout par sa personnalité si on peut dire, sa rage de vivre, sa confiance en nous et en la vie. Elle souffrait en silence, mais on sentait en elle de l’espoir. Je l’appelais «ma copine », et je redoutais le moment de la séparation. 

    C’était Ati, notre Louloute, notre vieux pou, notre vieux croûton comme l’appelait son maître.


  • Commentaires

    1
    Jeudi 15 Mai 2008 à 20:46
    Quelles émotions en lisant cette histoire ; n'as-tu pas une photo d'Elle ? Affectueusement. Rose
    2
    Jeudi 15 Mai 2008 à 21:40
    bernababou
    Qu'est-ce qu'on peut les aimer..... ils nous le rendent si bien....biz.B
    3
    Jeudi 15 Mai 2008 à 22:24
    camomille
    Bonsoir Yvette.. Ton article m'a donné un petit coup au coer... J'ai perdu mon premier minou à l'âge de 20 ans... Son petit coeur n'en pouvait plus... Et mon pot de colle va avoir 4 ans déjà... Snfffn ! Bonne soirée et bisous du caneton !
    4
    Jeudi 15 Mai 2008 à 22:42
    gentle13
    bonjour Yvette merci de ta visite, je te souhaite une bonne fn de semain et un bon week end. Amicalement Paul
    5
    Vendredi 16 Mai 2008 à 19:36
    Martine27
    Comme les petits Pimousse, petit mais costaud. Ce qui est le plus émouvant dans ton histoire, c'est le fait qu'elle t'ai choisi et aussi qu'elle ai choisi de partir avec ton aide.
    6
    Vendredi 16 Mai 2008 à 21:41
    Béjar
    Ca y est j'ai ajouté la photo mais il a fallu que je la scanne et elle n'est pas très réussie. Elle avait tous les surnoms possibles mais je le redis c'était ma copine. 21 ans de notre vie!
    7
    Vendredi 16 Mai 2008 à 21:42
    Béjar
    Oh oui qu'ils nous le rendent bien c'est certain, merci Bernababou
    8
    Vendredi 16 Mai 2008 à 21:46
    Béjar
    20 ans de notre vie, accompagnés par un même animal c'est super. Calins à ton pot de colle. Merci Camomille
    9
    Vendredi 16 Mai 2008 à 21:47
    Béjar
    Merci Paul et à mon tour je te souhaite un bon week-end et encore de beaucoup de beaux textes.
    10
    Vendredi 16 Mai 2008 à 21:52
    Béjar
    Oui c'est ça les coups de coeur. elle nous avait choisi et elle aurait eu du chagrin de nous voir partir sans elle. Quand elle était malade elle se cachait. Si on ne la voyait c'est que ça allait mal et que c'était grave. C'était toujours Michel qui la retrouvait et direct le véto avec oxygène.
    11
    Samedi 17 Mai 2008 à 18:48
    Merci pour la photo :-) Rose
    12
    Samedi 17 Mai 2008 à 21:45
    Béjar
    ya pas de quoi!
    13
    Dimanche 18 Mai 2008 à 03:37
    Annick
    et 21 ans ,ça compte...une vie d'amour!!!
    14
    Dimanche 18 Mai 2008 à 16:26
    Béjar
    Oui et pour elle une vie de soins, elle a toujours eu quelque chose de travers
    15
    Dimanche 18 Mai 2008 à 22:00
    camomille
    J'ai eu mais il est au paradis des chat un Garfunkel tout noir, avec des yeux or.. 20 ans de cohabitation et de bonheur... Difficile de faire le deuil d'un animal que l'on a eu pendant si longtemps... Bonne soirée !
    16
    Lundi 19 Mai 2008 à 19:09
    Béjar
    Surtout que je l'ai toujours surveillée, elle était si fragile!
    17
    Jeudi 22 Mai 2008 à 18:23
    béa kimcat
    chalut yvette très émue par l'histoire d'ati, la dame de fer... Je prndrai connaissance de tous tes autres chats... 10 !!! Je sens que nous allons bien nous entendre... Sais-tu que j'ai écrit un roman qui a pour toile de fond : le chat... Merci pour Lisa et pour ton commentaire sur ce chat peinturluré. Bises et chamitiés béa kimcat
    18
    Jeudi 22 Mai 2008 à 19:26
    Béjar
    Oh là un roman! moi j'ai écrit la vie de tous les chats que j'ai eu jusqu'en 2000. Et à partir de ce moment ils sont tellement arrivés en force que je n'ai plus eu le temps. Maintenant avec le blog je recommence un peu. Il y a tellement à raconter surtout que ma fille est comme moi. Chamitiés à mon tour
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