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Par Yvette44 le 30 Octobre 2012 à 06:36
Une rue de Constantine par Eugène Fromentin.
Soleil écrasant!
Constantine la ville préférée de mon père !!
Lors d'une séance à un atelier d'écriture dont mon amie Marie-Jeanne était membre les consignes de départ étaient :
"Où partez-vous ?" "Où allez-vous"?
Et Constantine lui est venue de suite à l 'esprit.
Besoin de revoir Constantine sa ville natale .
Depuis longtemps ,
luit
- comme une veilleuse dans mon esprit -
le désir lancinant , douloureux , avorté
souvent de retourner au pays de ma naissance .
Il me faut le concrétiser .
Décision prise .
Je pars .
Appréhension, excitation , doutes quant au bien- fondé de cette initiative scandent les jours et les heures précédant mon départ .
Aérodrome .
Décollage de l' avion .
"Alea jacta est"
Je pars .
Je reviens aux lieux de l' antériorité .
L' Algérie .
Sa chaleur , sa poussière .
Je retrouve mon enfance bordée par le désert .
Dômes de cannelle des dunes .
Courbes sensuelles .
Sable ocre et roux .
Terre aride qui craque sous les pas .
Le plafond bleu- cobalt du ciel .
Succédant au désert ,
frontières entre le Sahara et les Aurès ,
les vagues mouvantes des champs de blé .
La lumière en flots dorés sur les douars écrasés de soleil .
Splendeur et misère .
C' est l' Algérie
et c' est ma ville .
A cette heure de grande chaleur , elle m' apparaît soudain en un flou saisissant lui donnant des airs de mirage .
Nid d' aigle accrochée à ses rochers , gorges profondes , ses multiples ponts jetés au- dessus de l' abîme .
Ville âpre et rude .
Ma ville de tant de peine .
Ma ville mon initiale .
Le temps s' immobilise .
Confronté à la réalité , le carbone du souvenir se fait diamant .
Je m' imprègne -
du chatoiement des couleurs : rouge des chéchia , indigo des chèches dont les hommes bleus couvrent leur visage , foule bigarrée des souks .
Grouillement d' hommes et de bêtes .
J' écoute -
les altercations , le braiment des ânes , le blatèrement des chameaux , les mélopées doucereuses et sauvages s' échappant des cafés où stagnent d' immuables joueurs de dominos .
Senteurs de musc et de jasmin.
L' appel à la prière coulant des minarets .
Tout me renvoie à ma longue liaison avec ce pays .
Ma maison .
Elle ouvre béante , la blessure de l' absence .
J 'avais oublié la brièveté du crépuscule , le passage sans transition de l' embrasement le plus somptueux à la nuit totale ,
le don inattendu des jardins , oasis de verdure , domaines de craintives gazelles .
"Atini Kahoua"
"Donne-moi un café"
Voudrais- je demander .
Pour rester éveillée , ne pas refermer mes paupières sur ce pays si longtemps disparu , là- bas de l' autre côté de la mer.
Marie Jeanne .
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Par Yvette44 le 11 Octobre 2012 à 10:05
Charles Leroux
Soleils couchants
Le soleil s'est couché ce soir dans les nuées;
Demain viendra l'orage, et le soir, et la nuit ;
Puis l'aube, et ses clartés de vapeurs obstruées ;
Puis les nuits, puis les jours, pas du temps qui s'enfuit !Tous ces jours passeront ; ils passeront en foule
Sur la face des mers, sur la face des monts,
Sur les fleuves d'argent, sur les forêts où roule
Comme un hymne confus des morts que nous aimons.Et la face des eaux, et le front des montagnes,
Ridés et non vieillis, et les bois toujours verts
S'iront rajeunissant ; le fleuve des campagnes
Prendra sans cesse aux monts le flot qu'il donne aux mers.Mais moi, sous chaque jour courbant plus bas ma tête,
Je passe, et, refroidi sous ce soleil joyeux,
Je m'en irai bientôt, au milieu de la fête,
Sans que rien manque au monde immense et radieux !Victor Hugo
(Les Feuilles d'Automne)
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Par Yvette44 le 25 Juillet 2012 à 07:48
Van Gogh Automne
Voix des Arbres
Les arbres timides et forts
La nuit parlent à voix haute
Mais si simple est leur langage
Qu'il n'effraie pas les oiseaux
Près du cimetière où les morts
Remuent leurs lèvres de cendre
Le printemps en flocons roses
Rit comme une jeune fille
Et parfois comme le coeur
Prisonnier d'un vieil amour
La forêt pousse un long cri
En secouant les barreaux.
Marcel Bealu
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Par Yvette44 le 29 Février 2012 à 06:39
J B C Corot, En forêt de Fontainebleau
Sous les arbres
Ils marchaient à côté l'un de l'autre ; des danses
Troublaient le bois joyeux ; ils marchaient, s'arrêtaient,
Parlaient, s'interrompaient, et, pendant les silences,
Leurs bouches se taisant, leurs âmes chuchotaient.
Ils songeaient ; ces deux coeurs, que le mystère écoute,
Sur la création au sourire innocent
Penchés, et s'y versant dans l'ombre goutte à goutte,
Disaient à chaque fleur quelque chose en passant.Victor Hugo
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Par Yvette44 le 8 Janvier 2012 à 06:46
J'ai écrit ce poème et exécuté ce tableau pour une exposition en 2002.
Pendant la dernière guerre un avion s'est écrasé tout près de cet endroit le 21 juin 1940.
Le mémorial présente une hélice de l'appareil, à la mémoire des quatre aviateurs abattus ce jour-là.
L’oiseau blessé
Oiseau d’acier , sifflant et crachant mille feux,
Glorieux et fier, bravant l’ennemi dangereux ;
Oiseau blessé, tremblant de tout son pauvre corps,
Enveloppé du froid terrifiant qui endort ;
Oiseau de flamme, plongeant dans un gouffre obscur,
Ultime éclair zébrant le ciel plombé et dur ;
Oiseau de cendre, immobile , encore fumant,
Qui avait écrit « LIBERTE » avec son sang .
Yvette.
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Par Yvette44 le 14 Décembre 2011 à 06:40
Courbet, la mer à Palavas
Et la mer ...
Et la mer et l'amour ont l'amer pour partage,
Et la mer est amère, et l'amour est amer,
L'on s'abîme en l'amour aussi bien qu'en la mer,
Car la mer et l'amour ne sont point sans orage.
Celui qui craint les eaux qu'il demeure au rivage,
Celui qui craint les maux qu'on souffre pour aimer,
Qu'il ne se laisse pas à l'amour enflammer,
Et tous deux ils seront sans hasard de naufrage.
La mère de l'amour eut la mer pour berceau,
Le feu sort de l'amour, sa mère sort de l'eau,
Mais l'eau contre ce feu ne peut fournir des armes.Si l'eau pouvait éteindre un brasier amoureux,
Ton amour qui me brûle est si fort douloureux,
Que j'eusse éteint son feu de la mer de mes larmes.
Pierre de Marbeuf (1596-1645)
(Recueil de vers, 1628)
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Par Yvette44 le 19 Novembre 2011 à 06:51
Le Gage à la Provotais (44) Peinture que j'ai faite à l'huile sur toile de lin.
Vieille ferme à la Toussaint
La ferme aux longs murs blancs, sous les grands arbres jaunes,
Regarde, avec les yeux de ses carreaux éteints,
Tomber très lentement, en ce jour de Toussaint,
Les feuillages fanés des frênes et des aunes.
Elle songe et resonge à ceux qui sont ailleurs,
Et qui, de père en fils, longuement s'éreintèrent,
Du pied bêchant le sol, des mains fouillant la terre,
A secouer la plaine à grands coups de labeur.
Puis elle songe encor qu'elle est finie et seule,
Et que ses murs épais et lourds, mais crevassés,
Laissent filtrer la pluie et les brouillards tassés,
Même jusqu'au foyer où s'abrite l'aïeule.
Elle regarde aux horizons bouder les bourgs ;
Des nuages compacts plombent le ciel de Flandre ;
Et tristement, et lourdement se font entendre,
Là-bas, des bonds de glas sautant de tour en tour.
Et quand la chute en or des feuillage effleure,
Larmes ! ses murs flétris et ses pignons usés,
La ferme croit sentir ses lointains trépassés
Qui doucement se rapprochent d'elle, à cette heure,
Et pleurent.
Emile Verhaeren
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Par Yvette44 le 28 Juin 2011 à 06:44
JJ Rousseau, les chênes de Fontainebleau
Le matin et les arbres
Quand le paquebot Terre, un à un ses hublots
S'ouvrant, livre passage aux oiseaux familiers,
Ces bras blancs qui saluent le jour comme leur frère?
Nous croyons voir entrer le meilleur de nous-mêmes;
Avec les premiers pas du soleil réveillé.
Est-ce là devant nous les arbres du printemps
Ou bien la vague haute ou chercheuse d'écume ?
Il est encore trop tôt pour comprendre et savoir,
Le regard est grevé d'un peu d'obscurité.
Contentons- nous d'être un vivant un jour de plus,
D'entendre en nous ce coeur qui ne s'est pas couché
Et peine nuit et jour dans d'égales ténèbres
Pour préparer un peu de ce qu'il croit bonheur.
Et nous le laisserons croire parce qu'il faut
Que le mensonge aussi soit au fond de nous mêmes
Pendant que le soleil feint de monter au ciel
Et toujours nous attrappe avec sa même ruse.
Jules Supervielle.
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Par Yvette44 le 21 Juin 2011 à 06:45
Etang Aquarelle de Henri Zuber
Les peupliers longs au bord de l'étang
font un bruit paisible et lent qu'on entend
décroître et renaître et décroître encore,
qui parfois augmente et parfois s'endort...
Les feuilles d'argent bientôt seront d'or ;
l'étang leur prépare un mouvant linceul,
et les peupliers seront nus et seuls,Seuls au fond de l'eau qui rêve et qui dort.
Guy-Charles CROS
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Par Yvette44 le 11 Mai 2011 à 06:53
Charles Ferdinand Ceramano Barbizon
Dans les bois
Au printemps il naît et chante :
N'avez-vous pas ouï sa voix ? ...
Elle est pure, simple et touchante,
La voix de l'Oiseau - dans les bois !L'été, l'Oiseau cherche l'Oiselle ;
Il aime - et n'aime qu'une fois !
Qu'il est doux, paisible et fidèle,
Le nid de l'Oiseau - dans les bois !Puis quand vient l'automne brumeuse,
Il se tait... avant les temps froids.
Hélas ! qu'elle doit être heureuse
La mort de l'Oiseau - dans les bois !Gérard de Nerval
Poésie et Souvenirs
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