• Crépuscule


    Crépuscule

     

    Cette fin d’après-midi a une coloration pervenche.

    Le soleil, au loin, louvoie entre des nuées filamenteuses d’un ton pourpre et mauve.

    Les rayons pâles  s’accrochent aux troncs des arbres

    et sur les branches telles des paillettes.

    Tout s’atténue et se dilue,

     dans cette atmosphère de fin de saison hivernale.

    Peu à peu, les oiseaux cessent leur piaillement

    et tout paraît rentrer dans l’ordre.

    Le troupeau se rassemble près de l’échalier en attente de la traite.

    Un silence ouaté, feutré,  immuable s’empare de la nature.

    Bientôt une fine pruine recouvrira les prés,

    et tout doucement tout deviendra sombre et opaque.

    Il fera nuit, une nuit pleine de mystère, une nuit de fin d’hiver,

    à peine éclairée par un quartier de lune, astre de la nuit.

                                                                           Yvette

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  • PAYS NOIR 

     

    A l’heure où un doux soleil encore engourdi

    Par les brumes de la nuit empourpre les meules

    Et les loges aux coiffes de chaume alourdi,

    La Brière sort de son vaporeux linceul.

     

    Un chaland léger glisse lentement sur l’eau,

    Jaspant la surface d’un éventail doré,

    Troublant un instant le héron dans les roseaux,

    Puis disparaît derrière des saules nacrés.

     

    Les blondes roselières ondoient sous le vent ;

    Une odeur suave de tamaris nous grise ;

    La nature déploie des charmes enivrants,

    Au fil d’une belle journée qui s’éternise.

     

    Le marais est là, envoûtant. On le respire.

    Il nous interpelle, nous fascine, charmeur.

    Mystérieux et légendaire, il nous attire

    Vers les inquiétants brouillards de ses profondeurs.

     

    Pays noir du précieux morta millénaire,

    Où chaque bruit chuchoté à la nuit tombée,

    Nous fourvoie dedans ses labyrinthes pervers,

    Et où planent de pauvres âmes égarées.

     

    Pays bleu où le soleil reflète dans l’eau,

    Pays d’eau, de lumière, pays enchanteur,

    Pays de brumes épaisses et de canaux,

    Enfin pays du retour des grands migrateurs.

    Yvette



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  •                                                  La campagne arthonaise

    La prière des Chênes

     

    Leurs corps durs et noueux,

    Elancés, pleins de sève,

    Ils lancent aux cieux

    Une prière, un rêve.

     

    Laissez-nous vivre vieux !

    De nos branches couvertes

    Et nos troncs rugueux

    Vous  ferons ombre verte.

     

    Laissez les nains velus,

    Nous entourer la nuit,

    Et les lutins chevelus

    Danser en rond sans bruit.

     

    Et nous, Arbres Sacrés

    Veillerons sur vos tombes

    Et vos jours d’après

    Comme douce colombe.

     

      Yvette






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  • L'île Beaulieu à Nantes
    Loire d'ici et d'ailleurs


    Tu coules tranquille entre tes rives diaprées,

    Belle endormie, capricieuse et gracieuse,

    Une brume légère nimbant tes verts près,

    Fine mousseline opaline et vaporeuse.

     

    Robe de mariée à la traîne striée

    De mille rayures moirées et frémissantes

    Avec ta couronne de géants peupliers

    Se reflétant, hardis, dans ton eau miroitante.

     

    Tes flots somnolents flattent la silice blonde

    Des bancs de sable festonnant tes îles plates,

    Eclairée par le soleil naissant sur ton onde,

    Frémissement furtif sur les flancs d’une plate.

     

    Un vol de mouettes criantes et impatientes

    Nous annonce l’arrivée de quelque  fûtreau

    Laissant dans son sillage une queue scintillante,

    Godillant malicieux, négligeant ton repos.

     

    Tu glisses entre les arches du pont,

    Chuintant, clapotant, limpide et aérienne,

    Hérissant de mille ridules ton beau front

    Aux nuances variées d’ambre vert et d’obsidienne.

     

    Tu captes la lumière du ciel et, magique,

    Tu la transformes en une féerie d’argent,

    D’or et de camaïeux de gris-bleu métallique,

    Palette de couleurs aux tons toujours changeants.

     

    Ce plaisir que j’ai de  t ‘admirer, belle amie,

    Active l’envie que j’ai de t’emprisonner

    Sur une toile où je pourrai à l’infini

    Assouvir cette passion pour toi réfrénée.


    Yvette


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  • Mon Arbre

     

    Désespérance, souffrance

    Abattement, découragement,

    Détresse, tristesse,

    Affliction, incompréhension,

    Déchirement, gémissement,

    Dégoût, dépit …

     

    Hier, je les ai vus massacrer mon arbre,

    Hier, je les ai vus rire en le sacrifiant.

    Hier, je l’ai entendu crier sous la terrible hache,

    Hier, derrière la vitre mes larmes ont coulé,

    Hier, nous nous sommes sentis vidés de notre sang.

     

    Pourtant, il était fort,  beau et puissant,

    Pourtant, il abritait les petits animaux,

    Pourtant, il nourrissait tous les oiseaux,

    Pourtant, je l’admirais tellement.

     

    Ce matin, je l’ai vu tendre ses deux bras vers le ciel,

    Ce matin, j’ai mélangé mes larmes aux siennes,

    Ce matin, nous avons imploré les dieux,

    Ce matin plus  un rameau, ce matin plus un merle.

     

    Il ne demandait rien, juste une petite taille.

    Il ne gênait personne, sauf les curieux.

    Il aimait les oiseaux, les chats et le lierre

    Qui en l’encerclant  le réchauffait l’hiver.

     

    Aussi,  il va rendre l’âme si l’on ne fait rien !

    Aussi, mon cœur saigne en le voyant souffrir !

    Aussi,  je vais me laisser  mourir,

    Si l’on ne fait rien,
    Si l’on ne fait rien!

     

    Je veux qu’il retrouve sa vigueur  et sa beauté,

    Je veux qu’il reforme  sa voûte rouge,

    Je veux qu’il s’épanouisse à nouveau

    Je veux  que ses amis les oiseaux reviennent,

    Je veux moi aussi revivre avec lui.

     

    Mais quand lui sera revenu,

     Hélas moi je ne serai plus.

    Je n’ai plus ni l’âge, ni la force,

    Je ne suis qu’un pauvre fruit sec,

    Attendant, désespéré, un geste humain !

                                    Yvette, la révoltée !

     


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  • L'Oued Réha à Gouraya


    Photos empruntée au superbe site Gouraya.org et avec autorisation.
    Poème que j'ai écrit et que j'ai déjà édité tout au début de la vie de mon blog, mais sans un commentaire, et que je replace ici car un canadien, ancien gourayen me l'a fait remonter hier. Merci Hamid.
    L’oued

     

    Dans son lit asséché, tapissé de galets,

    Spectre famélique dans la moiteur du jour,

    Il dort indifférent du fracas des mulets

    Martelant sa carcasse endurcie, de bruits sourds.

     

    Les longues hampes des roseaux, d’eau assoiffés

    S’inclinent vers ce corps sans vie et décharné,

    En quête d’un précieux et salvateur nymphée,

    Où l’eau s’écoulerait en multiples traînées.

     

    Les lauriers roses guettent les nuages gris

    Assombrissant le ciel au-dessus des montagnes.

    La nature se prépare à une incurie

    Terrassant la sérénité de la campagne.

     

    Un roulement lointain, feutré, s’intensifiant,

    Progressivement, comme pour nous prévenir

    De ce qu’il va oser faire, de terrifiant,

    Approche, insidieusement et sans coup férir.

     

    Le lavis du ciel fonce en un noir absolu ;

    L’obscurité étrange se fait menaçante ;

    Un éclair annonce la pluie tant attendue ;

    Wadi va réveiller cette terre insouciante.

     

    Dévalant des flancs de la montagne au galop,

    Se grossissant, et exacerbant  sa fureur,

    Il arrache et roule dans le brocart de ses eaux,

    Toute vie pour le plaisir de son créateur.

    Béjar/Yvette


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  •  

    La campagne arthonaise 

     

    Une si belle journée

     

    Ce matin, en me levant, j’ai ouvert les volets.

     Il y avait un léger brouillard.

    Le soleil ne voulait décidément pas percer.

    Encore un jour gris en prévision.  

    Pourtant on nous avait prédit une belle journée.

    Le petit déjeuner pris, j’ai remis mon nez à la vitre

    et j’ai vu un rayon timide qui essayait de traverser la couche de brume.

    Et petit à petit tout est devenu lumineux, la journée décidait  enfin d’être belle.

     Pourquoi ne pas décider d’aller à la campagne.

    Le voile disparaît peu à peu, il s’effiloche.

    Le soleil commence à filtrer au travers des branches

    qui se dénudent de plus en plus.

    Nous entrons bientôt dans la saison froide, l’hiver.

    Les feuilles brunes, pourpres, rousses, jaunes

    jonchent le sol épais, et s’envolent sous nos pas.

    Une odeur d’humus monte de ce tapis multicolore.

    Maintenant le soleil encore bas

    nous envoie ses rayons éclatants comme de l’or.

    Quelques feuilles abritées résistent encore,

    refusant la chute fatale. Vie éphémère !

    Un tronc  couché prêt à être débité, nous accueille.  

    Qu’il fait bon respirer cette odeur de terre humide, de champignons.

    Un pinson, un rouge-gorge nous épient,

    faisant mine de ne pas nous voir tout en en sifflotant.

    Il va être l’heure de rentrer.

    Mais on a de la peine à quitter un endroit si merveilleux, si calme.

    Une dernière bouffée de cette  atmosphère

    et un bonjour à la saison où tout va s’endormir pour renaître au printemps.

    Yvette

     

     


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  •  Reprise d'un article que j'avais écrit au début de mon blog.

     

    Odyssée d’une goutte d’eau

     

    Elle a jailli de sa source, enfin libérée

    De cette gangue de roche brune et glacée,

    Petite goutte d’eau pure, un peu perturbée,

    Glissant, fragile, sur les pierres vernissées.

    Un courant malin l’entraîna dans son sillage,

    Dévalant des pentes abruptes et ourlées

    D’arbrisseaux échevelés et de fins herbages

    Givrés, l’embellissant de merveilleux reflets.

    Elle fila, heureuse, entre des saules nacrés

    Se courbant sur son propre miroir diaphane,

    Puis s’étala, ivre, sur des sablons ocrés,

    Bercée par la brise et sa mélodie profane.

    Les tout premiers rayons de l’aube la surprirent

    Et charmée, l’attirèrent, telle Loreleï

    Par des visions de lointains atolls de corail.

    De ruisseau en rivière, de rivière en fleuve,

    Elle traversa des campagnes et des saisons,

    S’accrochant parfois à des esquifs qui se meuvent,

    Légers, l’entraînant vers de nouveaux horizons.

    Enfin, l’irrésistible océan l’enjôla,

    L’enroulant dans des vagues prises de folie,

    La rejetant, en rugissant, avec fracas

    Contre des carcasses ou des récifs maudits.

    Ballottée  par ce mouvement perpétuel,

    Perdue, elle allait sombrer vers des fonds hostiles

    Quand enfin, un ange la posa sur son aile

    Et délivra la petite goutte fragile

    Qui nous retrouva sur terre en larme de pluie,

    Petite goutte d’eau, miracle de la vie.


                                            Yvette 

                                   


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  • Le ressac

     

     

     

    Toi et moi, le nez dans le léger vent salé,

    Nous allons heureux, les cheveux ébouriffés,

    Ma main dans ta main et le teint un peu hâlé,

    Sur le sable mouillé comme deux assoiffés.

     

    A l’horizon, une juxtaposition

    Lointaine de plusieurs tons de bleu roi du ciel,

    Myosotis, et émeraude en déclinaison

    De l’océan, forme une étendue  irréelle.

     

    Des vaguelettes alanguies lèchent la grève

    Et la festonnent d’écume et de coquillages.

    Des rochers crénelés hérissent en orfèvre,

    La rive, d’écueils pittoresques et sauvages.

     

    Ressac de la vague. Souvenirs doux-amer

    De fines algues vertes au parfum iodé,

    Evoquant mon enfance au bord d’une autre mer

    Aux plages de galets, de soleil inondées.

                                                                            Yvette


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  • GRAND-LIEU

     

    Ami, quelle est cette cloche teintant là-bas ?

    Ne sens-tu pas un frisson parcourir les flots ?

    Du lac monte une plainte qui n’en finit pas,

    N’est-ce pas Herbadilla qui gémit sous l’eau ?

     

    Un frémissement furtif court entre les plates,

    Ce n’est qu’une vive joselle exaspérée.

    Le bal des grenouilles commence une sonate

    Parmi les macres aux nombreux fruits chamarrés.

     

    Les rayons percent l’écharpe d’organdi

    Et finissent leur course sur les grands roseaux,

    Parant de tendres libellules alanguies

    De teintes diaprées, ainsi qu’un fin pinceau.

     

    Un héron cendré, très peu craintif est juché,

    Haut sur ses pattes, sur une yole endormie.

    Deux bosselles attendent, vides, sans brochet,

    Ni anguille, ni carpe, enlisées à demi.

     

    Un vieil aulne dénudé surveille, blasé,

    Cette nature aux manières sibyllines,

    Aux ciels d’or mordorant les grèves envasées

    Et crépuscules à reflets de cornaline.

     

    Saint Martin relèvera-t-il le mauvais sort ?

    En ce cas, Herbauge, l’engloutie, renaîtra,

    Des profondeurs de l’onde, prendra son essor

    Et Nantes, sur ses rives, s’évanouira.

    Béjar/Yvette 


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