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LES DEUX MULETS, Jean de Lafontaine
LES DEUX MULETS
Deux Mulets cheminaient ; l'un d'avoine chargé ;
L'autre portant l'argent de la gabelle .
Celui-ci, glorieux d'une charge si belle,
N'eût voulu pour beaucoup en être soulagé.
Il marchait d'un pas relevé ,
Et faisait sonner sa sonnette ;
Quand, l'ennemi se présentant,
Comme il en voulait à l'argent,
Sur le Mulet du fisc une troupe se jette,
Le saisit au frein, et l'arrête.
Le Mulet, en se défendant,
Se sent percé de coups, il gémit, il soupire :
Est-ce donc là, dit-il, ce qu'on m'avait promis ?
Ce Mulet qui me suit du danger se retire ;
Et moi j'y tombe, et je péris.
Ami, lui dit son camarade,
Il n'est pas toujours bon d'avoir un haut emploi :
Si tu n'avais servi qu'un Meunier, comme moi,
Tu ne serais pas si malade.Jean de Lafontaine
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Commentaires
Chez nous, nous avons tendance à faire de même. Mais pas de la même manière. Les animaux sont humanisés!
6mamazertyDimanche 18 Novembre 2012 à 15:58
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Bonjour Yvette,
Chez La Fontaine, le royaume des animaux ressemble étrangement au monde des hommes. Le fabuliste avait une façon bien particulière de dépeindre sa société. Il nous invite à l'humilité.