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    Petit plan d'eau à Falleron en Vendée 

     

    Bouquet d'arbres

    Il faut parler des ifs comme on parle des morts
    Du pelage d'automne enrobant l'eau qui dort

    Le lilas oiseau-lyre ouvrant ses ailes blanches
    C'est un flocon de neige qui plane sur les branches

    Et le doux peuplier les calèches du vent
    L'entraînent au galop de leurs chevaux piaffant

    Ambre liquide ourlant la rive des forêts
    L'écorce du bouleau tisse sa voie lactée

    Le sapin familier de ses aiguilles brunes
    Faufile la voilure attachée à sa hune

    Et la pluie dans les mains frêles des marronniers
    Glisse et s'effrite comme la vie d'un prisonnier

    Mais le chêne fixé sur un socle de marbre
    Semble un berger figé parmi son troupeau d'arbres

    Si je nomme le charme une allée se dénoue
    Une source enchâssée à son collier de houx

    Et je ne sais que dire à ces obscurs témoins:
    Tilleuls rompant le soir leur graine de parfums

    Pommiers de gloire au flanc des collines couchés
    Saules tremblants comme une fille effarouchée

    A tous ceux qui s'en vont cherchant dans la nuit noire
    La charnelle vêture et l'humaine mémoire.



    Michel Manoll (1911-1984)

     


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