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Par Yvette44 le 20 Avril 2011 à 07:00
Gouraya, Messelmoun 39/45
J’ai reçu il y a quelques semaines des photos de mon village Gouraya. Enfin plus spécialement d’un endroit près de Gouraya : Messelmoun qui a connu son heure de gloire pendant la guerre 39/45. Je vais vous livrer un passage de mon livre dans lequel je relate ces moments.
Et puis j’y joindrai quelques photos prises récemment par mon amie Seg-Yourayenne. A elle je dis un grand MERCI. Merci d’avoir pensé à moi. Dommage que mon livre soit terminé, chaque photo aurait eu sa place dans mon récit.
La ferme Sitgès où avait eu lieu une commémoration ...
.... mais au fait, c’était quoi au juste cette commémoration ? On y arrive.
La ferme Sitgès est située entre Messelmoun et Gouraya et avait été surnommée la « ferme des Anglais » à cause de deux tombes d’Anglais probablement enterrés tout près. L’armateur Sitgès était à l’origine de l’arrivée d’Espagnols dans le village de Gouraya. En 1942, cette ferme avait abrité une rencontre ultra secrète, qui consistait en l’étude définitive des derniers détails de l’opération «Torch» en vue du débarquement futur des armées alliées en Algérie contre les forces nazies. Opération présidée par le général américain Clark qui avait regroupé des Anglais, des résistants français et aussi des Américains. Et cette rencontre a eu lieu le 22 octobre 1942 près de Gouraya. Le général était arrivé à bord d’un sous-marin Seraph, à 1h30 du matin dans la nuit du 20 au 21. A cette époque la France était dirigée par le Maréchal Pétain. La ferme, isolée, appartenait à un ami du lieutenant de réserve Queyrat, avocat à Cherchell et était mise à la disposition des résistants. Pour ne pas éveiller les soupçons de la population, il fallait que les chefs puissent opérer en toute sécurité. Une des fenêtres de la ferme devait être allumée afin que du sous-marin, on puisse voir la ferme. A 1h30, quatre kayaks accostent, accolade, moments émouvants. Tout le monde entre dans la ferme, bateaux compris. Arrivée des autres protagonistes. Discussion vers 8h, puis repas et un peu de repos. Mais vers 16h, alerte : la police a été prévenue, et les gendarmes arrivent. Branle-bas de combat, les personnalités françaises déguerpissent et tout le reste se retrouve à la cave après avoir regroupé et caché tous les papiers et cartes d’état-major. Le général américain n’est pas content, il n’apprécie pas du tout : il ne veut pas descendre, il ne veut pas qu’on l’enferme ! En haut, on simule un banquet avec beaucoup de vin et du désordre, ce qui fut accepté. Et enfin vers 3h, retour vers le sous-marin. Mais problème de hauteur de vagues, deux gros brisants à passer. Il valait mieux avoir des barques, et le général américain qui ne voulait pas qu’on le bouscule, qui avait oublié ses lunettes, qui avait froid, finit par donner l’ordre du départ avec les kayaks, sans pantalon et les papiers stockés dans des sacs suspendus à leur cou. Il fallut s’y prendre à plusieurs fois pour que les quatre embarcations réussissent à passer les brisants, et à 5h l’opération fut terminée avec succès. Il fallut inspecter la plage pour que rien ne fût suspect et on découvrit un pantalon, celui du général Clark ! C’était en 1942 et nous étions à Bou-Medfa et je n’avais pas encore six mois. Et voilà pour la ferme Sitgès. A l’heure actuelle, cette ferme a été livrée au vandalisme et complètement dégradée. Mais c’est sans compter quelques âmes vaillantes qui ont décidé de réhabiliter ce lieu. Une stèle avait été dressée à l’entrée de la ferme avec une inscription sur une plaque commémorative : « Ici commence la route de la libération de la France, de l’Europe et du monde du joug nazi ». Le site va être réaménagé de façon à le remettre en valeur.
Une des deux tombes de soldats anglais
L'autre tombe
La mer par où était arrivé le sous-marin et la ferme qui a servi de lieu de rencontre
Deux ouvertures de cachettes souterraines
Les derniers vestiges des arches de la ferme Sitgès à Messelmoun
Ruines de la cour intérieure
Monument récent
Et voilà une page de vie racontée en quelques photos !
Merci encore à toi mon amie,
tu as réussi à me replonger encore une fois dans mon passé algérien.
17 commentaires -
Par Yvette44 le 15 Mars 2011 à 06:37
Les figues de Barbarie à Gouraya
Photo prise sur le net
Un passage de mon livre Gunugu ou les roses de Gouraya.
Le figuier de Barbarie (kermoss) est un cactus originaire d’Amérique Centrale et du Mexique, dont les tiges ont la particularité d’être en forme de raquettes épaisses, de forme ovale, recouvertes d’épines très fines.
Dans nos régions, ce sont des plantes grasses et si elles fleurissent, elles donnent rarement des fruits. A Gouraya ces figuiers poussaient assez haut en bordure des chemins et au printemps de superbes fleurs jaune orangé faisaient place à des fruits de forme ovoïde et de couleur verte au début et qui ensuite prenaient une teinte jaune virant au rouge.
Pour consommer ces « figues », il fallait impérativement se débarrasser des aiguillons. Et la première opération consistait à les immerger dans de l’eau, à les brasser et ainsi la manipulation du fruit était plus aisée. Il ne restait plus qu’à extraire l’écorce un peu poilue à l’aide d’un couteau très tranchant. Un coup sec à chaque extrémité, une incision dans l’épaisseur de la peau pour la dérouler et le fruit était prêt. Très juteux et rafraîchissant, malgré ses petites graines c’était un fruit agréable à déguster en été. Toutefois sa préparation nous rebutait et nous n’en mangions pas souvent. A savoir qu’il est très riche en vitamine C.
26 commentaires -
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Par Yvette44 le 15 Février 2011 à 06:59
Souvenirs de Gouraya, nos tartines.
Je revois nos goûters à Gouraya.
Pas de beurre, c’était une denrée très rare, de plus il était doux.
Pas ou peu de chocolat.
Nous nous contentions d’une tartine de pain,
sur laquelle nous déposions une couche plus ou moins épaisse de sucre en poudre
(moins pour moi car je n’aimais pas trop le sucre !)
et sur ce sucre, nous faisions couler un mince filet d’eau
- c’était tout un art ! - pour le maintenir en place.
Ou bien on recouvrait la tartine avec de l’huile d’olive ou du saindoux avec du sel.
Maman faisait aussi de la confiture de patates douces, c’était un régal.
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Par Yvette44 le 29 Janvier 2011 à 07:03
C'est l'histoire de 4 amis: un cochon, un canard, un chat et une poule rousse. La petite poule rousse trouve des graines et demandent à ses amis s'ils veulent bien l'aider à les planter.
Les amis répondent "pas moi" et à chaque fois que la petite poule demande leur aide pour faucher le blé, moudre le grain, fabriquer le pain, la réponse est toujours négative...
Quand vient l'heure de manger ce pain, en revanche, les 4 amis répondent tous présents. La petite poule décide alors de le manger toute seule avec ses trois petits poussins...Chez moi, quand j'étais petite il y avait un dindon dans l'histoire.
Car je me souviens très bien de cette réponse
quand la petite poule demandait de l'aide
"Pas moi ... dit le canard, ni moi ...dit le dindon!"
"Ce sera donc moi dit la petite poule rousse "
et à la fin c'était :
"Moi ... dit le canard, moi .... dit le dindon"
Mais en y réfléchissant bien ,
j'étais à l'école en Algérie avec des petites arabes
et le mot "cochon" était tabou
alors l'instituteur a dû un transformer l'histoire pour ne pas choquer!
12 commentaires -
Par Yvette44 le 4 Janvier 2011 à 10:30
Bonne et Heureuse Année à vous
chers amis de Gouraya !
Que 2011 vous apporte
le bonheur souhaité, et la santé.
Je ne vous oublie pas !
Le livre que j’ai écrit en est la preuve.
Je vous remercie de la gentillesse
que vous m’avez témoignée
dans vos courriers.
Tous mes vœux vous accompagnent.
Yvette
8 commentaires -
Par Yvette44 le 4 Janvier 2011 à 06:36Je souhaite à tous mes amis de Gourayaune très bonne année 2011Vidéo prise sur Youtube,J'y retrouve bien la nature environnantede mon cher village.
4 commentaires -
Par Yvette44 le 5 Décembre 2010 à 06:51
Quelques lignes prises au hasard dans mes mémoires
"Gunugu ou les Roses de Gouraya"
C'était ce genre d'appareil qu'avaient mes parents,
un rouge pour ma mère ,
un noir pour mon père .
Mon plus grand regret est de ne pas avoir commencé à écrire plus tôt, du temps où Papa vivait encore. Je me replonge sans cesse dans ce tas de photos pêle-mêle, cherchant à situer tel ou tel épisode : décoration, déguisements, bébé dans un landau ou une poussette, enquête de gendarmerie, paysages, paquebots dans les ports etc… Et puis, j’ai un peu l’impression de violer l’intimité de ma famille, de mettre à nu certains petits secrets de cette famille avec ses forces et ses faiblesses. Je me rassure en me disant que si des photos ont été prises, c’est que c’était justement pour célébrer un événement qui méritait de ne pas se perdre dans l’indifférence.
Ces photos, nombreuses, n’ont jamais été répertoriées. Aucune indication au dos, si ce n’est la marque du laboratoire de développement : un numéro, un tampon, un coup de crayon. J’ai essayé de les ordonner par grandeur, par la qualité et le fond de couleur du support papier, par le découpage. Mais certaines pellicules ont été reprises dans d’autres laboratoires et cela complique un peu plus mes recherches. J’ai essayé aussi la sélection en comparant les coiffures de Maman ainsi que ses vêtements, l’âge des enfants. Quant à Papa, il était toujours en tenue de gendarme : difficile à classer, à part que dans sa jeunesse il fumait, mais à quelle période a-t-il arrêté ?
En dehors de ces photos, j’essaie de retrouver le climat qui existait d’après les dires de mes parents sur leur vécu. Ce lot de photos représente pour moi ce que représentent pour un avare des pièces d’or ou d’argent. Je veux me souvenir de ces choses étonnantes ou simples, de ces témoignages qui faisaient la vie courante, vécue par d’autres que moi, racontée par d’autres que moi. Me souvenir de l’histoire du temps qui passe.
Il est un fait certain, c’est que tant que l’on a ses géniteurs près de soi, on ne pense pas qu’ils puissent disparaître un jour. Nous, les humains, nous ne sommes pas différents des plantes et des animaux. Nos parents nous ont vu naître, nous les voyons mourir et à notre tour nous disparaîtrons aux yeux de nos enfants. La vie est ainsi faite. Nous avons poussé nos parents et nos enfants nous poussent à leur tour et ainsi de suite ...
Yvette
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Par Yvette44 le 20 Novembre 2010 à 06:52
On engrange tout dans son esprit,
tout au long de son existence,
mais il est impossible que tout nous revienne seconde par seconde.
Il nous faudrait une deuxième vie !
Et quand un petit élément de cet immense magasin intérieur
qu’est notre cerveau refait surface,
il faut se dire qu’il a une raison, une signification.
Et tout afflue avec de plus en plus de précision,
de force, de profondeur, de lumière.
Oui, de lumière !
Quelques lignes prises au hasard dans mes mémoires
Sur "Gunugu ou les roses de Gouraya "
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Par Yvette44 le 3 Avril 2010 à 07:09
Carder la laine à Gouraya (Algérie)
Il nous est arrivé aussi d’aider notre mère à carder la laine de mouton. Elle ne le faisait pas souvent car nous n’étions pas très outillés. Les deux planchettes en bois hérissées de fines pointes en métal très solides ne devaient pas nous appartenir. Et puis, il fallait se fournir en laine brute. Je n’ai pas le souvenir de voir ma mère la laver mais je me souviens de l’odeur de suif qui s’en dégageait encore. Il fallait auparavant retirer toutes les petites saletés et brindilles qui restaient accrochées dans la masse ; nos petits doigts étaient les bienvenus.
Quand nous avions une boule de laine propre il fallait l’éclaircir, c’est le terme que je trouve le plus approprié, c’est à dire qu’il fallait écarter toutes les fibres en tirant dessus à la main, cela nous permettait de les démêler et aussi de terminer le nettoyage. L’opération suivante consistait à préparer cette laine pour la filer. Nous avions deux « raquettes », une dans chaque main. Sur l’une, on accrochait un petit tas de laine, et on frottait l’autre, en fait on la peignait. Les fibres s’alignaient et s’allongeaient proprement. On les regroupait toutes en petits tas prêts à être filés. Nous n’avions pas de rouet. Maman le faisait à la main mais je n’ai pas le souvenir qu’elle l’ait fait longtemps, ce devait être fastidieux. Le hasard a voulu que soixante années plus tard, j’aie retrouvé dans un vide-grenier, côte à côte comme voulant me rappeler ces moments de notre enfance, deux cardes manuelles tout contre une chargette, petit doseur à plomb pour les cartouches.
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